Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/103

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destiné à aller vite. Il était environ dix heures quand je partis de Bruges abîmé de fatigue. Je m’endormis presque tout de suite. Après un assez long somme, je me réveillai, ma chaise était arrêtée, et mon postillon avait disparu. Après m’être frotté les yeux, avoir appelé, crié, juré, j’entendis à quelques pas de moi un violon. C’était dans un cabaret où des paysans dansaient et mon postillon avec eux de toutes ses forces.

À la poste avant Anvers, je me trouvais, grâce à mon fripon de Bruges, hors d’état de payer les chevaux qui m’avaient conduit, et pour cette fois, je ne connaissais personne. Il n’y avait personne non plus qui parlât français, et mon assez mauvais allemand était presque inintelligible. Je tirai une lettre de ma poche, et je tâchai de faire comprendre par signes au maître de poste que c’était une lettre de crédit sur Anvers. Comme heureusement personne ne pouvait la lire, on me crut, et j’obtins qu’on me conduirait jusque-là, en promettant, toujours par signes, de payer tout ce que je me trouvais devoir. À Anvers, il fallut encore que mon postillon me prêtât de l’argent pour payer un bac, et je me fis conduire à l’auberge. J’y avais logé plusieurs fois avec