Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/62

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dans la Révolution, par sa niaiserie, a eu quelques aventures, a voulu divorcer pour épouser un homme que j’ai beaucoup connu, dont je parlerai dans la suite, et dont elle a eu un enfant, a fait quelques folies pour arriver à ce but, puis, l’ayant manqué, s’est jetée avec beaucoup d’art dans la pruderie, et est aujourd’hui l’une des femmes les plus considérées de Paris. À l’époque où madame Suard me la proposa, elle avait une envie extrême d’avoir un mari, et elle le disait de très bonne foi à tout le monde. Mais ni les projets de madame Suard, ni les avances de quelques vieilles femmes, ni les sermons de quelques autres, ne produisaient d’effet sur moi. Comme mariage, je ne voulais que mademoiselle Pourras.

Comme figure, c’était encore mademoiselle Pourras que je préférais. Comme esprit, je ne voyais, n’entendais, ne chérissais que madame de Charrière. Ce n’est pas que je ne profitasse du peu d’heures où nous étions séparés, pour faire encore d’autres sottises.

Je ne sais qui me présenta chez une fille qui se faisait appeler la comtesse de Linières. Elle était de Lausanne où son père était boucher. Un