Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/79

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les rues de cette grande ville où rien ne m’intéressait, et voyant diminuer mes ressources, je pris enfin des chevaux de poste et j’allai d’abord à Newmarket. Je ne sais ce qui me décida pour cet endroit, à moins que ce ne fût le nom qui me rappelait les courses de chevaux, les paris et le jeu dont j’avais beaucoup entendu parler : mais ce n’était pas la saison. Il n’y avait pas une âme. J’y passai deux jours à réfléchir sur ce que je voulais faire.

J’écrivis bien tendrement à mon père pour l’assurer que je ne tarderais pas à retourner auprès de lui ; je comptai mon argent que je trouvai réduit à seize guinées, puis, après avoir payé mon hôte, je m’esquivai à pied, allant toujours droit devant moi, avec la résolution de me rabattre sur Northampton, près d’où il y avait un M. Bridges que j’avais connu à Oxford. Je fis le premier jour 28 milles par une pluie à verse. La nuit me surprit dans les bruyères très désertes et très tristes du comté de Norfolk : et je recommençai à craindre que les voleurs ne vinssent mettre un terme à toutes mes entreprises et à tous mes pèlerinages en me dépouillant de toutes mes ressources. J’arrivai pourtant