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Tunis et Carthage

Notes de voyage
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31 Août 1885

Il fait encore nuit. Le bruit de la machine a cessé. Nous sommes à l’ancre devant la Goulette, mais à plus d’un kilomètre de terre, le port n’étant accessible qu’aux bâtiments d’un faible tirant d’eau. Couvert de nuages sombres qui ne tardent pas à se résoudre en une pluie chaude, le ciel est sillonné de grands éclairs, à la lueur desquels on entrevoit çà et là quelques détails de la côte africaine. Le jour vient peu à peu ; les passagers ne tardent pas à envahir le pont, la plupart somnolents et encore ahuris par le mal de mer. Beaucoup de visages nouveaux, car c’est à l’arrivée seulement que se produit à la lumière la foule des malheureux qui n’ont pu quitter leur couchette pendant la traversée. Le grand panneau est ouvert, et le treuil à vapeur en extrait incessamment des montagnes de colis, où chacun cherche à reconnaître son bien : spectacle toujours amusant pour moi, qui n’ai jamais pour bagage qu’une petite valise portée à la main. Il fait grand jour maintenant ; la pluie a cessé, le soleil levant illumine vivement à notre droite les hauteurs de Carthage, et dans le lointain, sous un ciel encore nébuleux, apparaissent pendant quelques éclaircies les maisons de Tunis la blanche, étalées sur une faible pente du côté de la mer. On dirait une immense carrière de marbre. Le major S., mon excellent compagnon de voyage, me fait monter avec lui dans