Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/79

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elle ne savait que faire ; et, dans son angoisse, elle sauta par-dessus le bord, pour chercher la quenouille. Lorsqu’elle revint à elle après le premier étourdissement, elle se vit sur une belle prairie, où il faisait un beau soleil et où il y avait des milliers de fleurs. Elle traversa la prairie et arriva près d’un four qui était rempli de pains ; et le pain criait : « Ah ! retire-moi, retire-moi ! Autrement, je brûlerais, car il y a longtemps que je suis cuit. » Vite, elle se mit au travail, et retira tout. Puis elle continua son chemin, et trouva un pommier chargé de pommes ; et il criait : « Ah ! secoue-moi, secoue-moi ! Mes pommes sont toutes mûres. » Alors elle secoua l’arbre et les pommes tombèrent comme grêle, jusqu’à ce qu’il n’y en eût plus une ; puis elle s’en alla. Enfin, elle rencontra une petite maison, d’où semblait la guetter une vieille femme ; mais comme celle-ci avait de longues dents, elle eut peur et voulut se sauver. La vieille femme lui dit alors : « Ne crains rien, chère enfant, reste chez moi, et si tu veux faire avec soin tout l’ouvrage de la maison, tu auras du bon temps ; mais il faut prendre garde de bien secouer mon édredon, jusqu’à ce que les plumes s’envolent : alors il neige par le monde ; car je suis la dame Hollé[1]. »

La vieille parlait si doucement que la jeune fille accepta d’entrer à son service. Elle faisait tout à souhait et secouait toujours l’édredon de toutes ses forces ; mais aussi avait-elle une vie des plus agréables, point

  1. On dit en Hesse, quand il neige, que la dame Hollé fait son lit.