Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/66

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roit pû suffire à les satisfaire. La Belle que l’ambition ne tyrannisoit pas, & qui n’agissoit jamais que par prudence, jugea d’un coup d’œil que s’il remplissoit les memoires de ses sœurs, le sien seroit très inutile. Mais le pere surpris de son silence, lui dit : Et toi, la Belle, en interrompant ces filles insatiables, n’as-tu point envie de quelque chose ? Que t’apporterai-je ? Que souhaites-tu ? Parle hardiment. Mon cher Papa, lui répondit cette aimable fille en l’embrassant tendrement, je désire une chose plus précieuse que tous les ajustemens que mes sœurs vous demandent. J’y borne mes vœux. Trop heureuse ! s’ils sont remplis, c’est le bonheur de vous voir de retour en parfaite santé. Cette réponse si bien marquée au coin du désinteressement couvrit les autres de honte & de confusion. Elles en furent si couroussées,