Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/18

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d’une vieille grand’mère qui avait bien juste de quoi vivre ; aussi cette nouvelle bouche à nourrir ne lui fit pas plaisir. La bonne femme devint acariâtre et déversa sa mauvaise humeur sur la pauvre orpheline qu’elle battait à tout propos.

Un jour qu’elles n’avaient que trois cuillerées de soupe et une galette pour leur déjeuner, Marie, poussée par la faim, profita d’une absence de sa grand’mère et mangea tout.

Qu’on juge de la fureur de la vieille qui, en rentrant dans la maison, ne trouva plus rien à se mettre sous la dent. Elle prit un martinet et frappa l’enfant de toutes ses forces.

Le fils du roi, qui passait par là, fut attiré par les cris de la malheureuse et demanda ce que cette petite fille avait à tant pleurer.

La bonne femme, craignant d’être punie, répondit au prince :

— C’est parce que je l’empêche de filer. Cette petite, voyez-vous, est trop travailleuse, elle se rendra malade, et je suis forcée de modérer son zèle. Aussitôt que je lui enlève sa quenouille et son rouet, elle pousse des cris à fendre les murs.