Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

courut bien vite dans le village annoncer la bonne nouvelle à ses voisines.

— Venez demain matin chez moi, leur dit-elle, pour vous partager tout mon mobilier.

Le lendemain soir, elle se rendit à l’église où le bedeau et les sonneurs avaient attaché à l’extrémité d’une corde traversant la nef, un callebasson sorte de grand panier profond dans lequel on l’invita à monter.

— Faut-il garder mes sabots ? cria-t-elle.

— Oui, gardez tout, répondit le bon Dieu. Elle s’installa commodément dans son panier et cria : « Tirez à vous ! »

L’ascension s’opéra aussitôt ; mais une fois que la vieille fut arrivée à la nef ils lâchèrent la corde et la fille descendit plus vite qu’elle n’était montée.

Furieuse elle sortit de son panier en disant : « Je ne l’aurais jamais cru, mais il y a des mauvaises gens dans le ciel comme sur la terre. » Et elle s’en retourna dans son village réclamer tout ce qu’elle avait donné le matin à ses voisines. Celles-ci lui répondirent : « Ma fille, fallait rester dans le paradis ; ce que tu nous as donné est bien à nous. »

(Conté par Fine Daniel, fermière à Bruz.)