Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/50

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rai tous ces bouts de queues dans l’étang pour faire croire que les bêtes se sont noyées.

Les marchands de vaches ne demandèrent pas mieux et firent ce que voulait le pâtre.

Quand ils furent partis, le gars courut bien vite chez son maître, pour lui raconter que des brigands avaient noyé les vaches dans l’étang, à l’exception de la gare qu’ils avaient pendue au haut d’un saule, « On ne voit plus sur l’iau que les bourgeons de leurs quoues », ajouta le méchant sujet. »

Le filassier était au désespoir ; il voulait battre le gars.

« Vous êtes donc fâché ? dit celui-ci. Dame ! si vous êtes fâché, approchez votre oreille. »

Le maître ne répondit rien, et le lendemain, il l’envoya garder des moutons au même endroit.

D’autres marchands passèrent par la prée, et Jean leur demanda où ils allaient.

— À la foire de Bazouges, acheter des moutons.

— Ne vous donnez point tant de peine ; prenez les miens, seulement étranglez la