Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/10

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mettait d’égaler son père dans les qualités qui faisaient chérir le docteur de ses amis, et qui le rendaient presque l’idole de ses paroissiens.

Il existait entre Francis Yves et Clara Moseley un attachement qui s’était formé dès leurs plus jeunes années. Francis avait été si longtemps le compagnon des jeux de son enfance, si longtemps il avait épousé toutes ses petites querelles et partagé ses innocents plaisirs, sans que le moindre nuage eût altéré leur amitié, qu’en quittant le collège pour étudier la théologie avec son père, il sentit que personne ne pourrait le rendre aussi heureux que la douce, la tendre, la modeste Clara. Leur passion mutuelle, si on peut donner ce nom à un sentiment si doux, avait reçu la sanction de leurs parents, et ils n’attendaient que la nomination de Francis à quelque bénéfice pour célébrer leur union.

Sir Edward avait tenu strictement la promesse qu’il s’était faite à lui-même, et il avait vécu dans une retraite absolue, à l’exception de quelques visites qu’il allait rendre à un vieil oncle de sa femme, qui avait manifesté l’intention de donner tous ses biens aux enfants de sa nièce, et qui, de son côté, venait souvent passer quelques semaines à Moseley-Hall. M. Benfield était un vieux garçon, et quoiqu’il eût parfois des manières un peu brusques, ses visites étaient toujours le signal de la gaieté, et son arrivée était une fête pour toute la maison. Par un faible bien pardonnable dans un vieillard, il donnait une préférence exclusive aux anciens usages, et il ne se trouvait jamais plus heureux que lorsqu’il pouvait habiter les lieux témoins de ses premières années. Quand on le connaissait bien, on lui pardonnait aisément quelques bizarreries de caractère pour admirer cette philanthropie sans bornes qui respirait dans toutes ses actions, quoiqu’il la manifestât souvent d’une manière originale et qui lui était particulière.

La maladie de la belle-mère de Mrs Wilson l’avait appelée à Bath l’hiver précédent, et elle y avait été accompagnée par son neveu et par sa nièce favorite. Pendant leur séjour dans cette ville, John et Émilie prirent plaisir à faire de longues promenades pour en connaître les environs, et ce fut pendant une de ces excursions qu’ils eurent occasion de rendre service à une jeune dame d’une grande beauté, qui paraissait d’une santé languissante. Elle venait de se trouver mal au moment où ils la rencontrèrent ; ils la prirent dans leur voiture et la reconduisirent à une ferme