Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/114

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mais ils étaient placés de manière à ne pas se voir. Le colonel avait le doux emploi de rendre à Jane ses ciseaux, son fil ou son dé, que souvent elle laissait tomber, toujours par hasard, tandis que Denbigh, décrivant à Émilie les curiosités de l’Égypte où il avait passé quelques mois, lisait sur sa physionomie expressive tout le plaisir qu’elle éprouvait à l’entendre.

Nous les laisserons jouissant du bonheur de se trouver ensemble, et nous irons rejoindre John, qui courait à la poursuite des coqs de bruyère, avec son nouveau compagnon, le capitaine Jarvis.

— Savez-vous, Moseley, dit Jarvis, qui commençait à se croire le favori de John, que je pense bien que M. Denbigh a été heureux de trouver dans ses grands principes un prétexte pour ne pas se mesurer avec moi. Il se dit officier, mais je ne puis découvrir à quelles batailles il s’est trouvé.

— Capitaine Jarvis, dit froidement John, moins vous parlerez de cette affaire, et mieux cela vaudra, croyez-moi. Appelez Rover. Le talent le plus remarquable du capitaine était de siffler assez fort pour être entendu à une demi-lieue à la ronde.

— J’avoue, monsieur Moseley, dit Jarvis d’un ton modeste, que j’avais tort relativement à votre sœur ; mais ne trouvez-vous pas étrange qu’un militaire refuse de se battre lorsqu’il reçoit un défi dans les formes ?

— Je présume que M. Denbigh n’a pas trouvé que le défi fut dans les formes, répondit John, ou bien, peut-être, a-t-il entendu parler de votre talent supérieur pour tirer.

Six mois avant d’arriver à B***, le capitaine Jarvis, qui avait été commis de la maison de banque Jarvis, Baxter et compagnie, n’avait jamais manié une arme à feu, à l’exception d’une vieille arquebuse rouillée qui, depuis bien des années, était accrochée au-dessus du coffre fort en guise d’épouvantail.

En prenant la cocarde, il avait jugé que la chasse était le seul plaisir à la hauteur de son nouveau rang. Malheureusement, depuis qu’il s’adonnait à cet exercice martial, il n’avait tué qu’un seul oiseau, encore était-ce une oie, qu’il fit tomber du haut d’un arbre où elle était posée, dans la basse-cour du Doyenné. Dans ses essais avec John, il aimait à faire feu en même temps que son compagnon ; et comme l’oiseau manquait rarement de tomber, il avait un droit égal à la victoire. Son plus grand plaisir