Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/120

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son œil devint moins fixe, ses muscles s’assouplirent, il sourit, et prit sans résistance la potion qu’elle lui offrait. Bientôt sa fièvre diminua un peu, et quelques instants de sommeil rendirent un faible espoir à ses amis.

Pendant tout le jour on jugea nécessaire qu’Émilie restât près de Denbigh, puisqu’elle seule avait du pouvoir sur lui. Cette tâche était à la fois bien douce et bien pénible. Dans son délire, il l’appelait, il lui donnait les noms les plus tendres, et sa jeune garde malade baissait les yeux avec embarras.

Après avoir appelé Émilie, il parlait de son père, de sa mère, et plus souvent encore de sa pauvre Marianne. En prononçant ce dernier nom, sa voix prenait l’inflexion la plus tendre ; il s’accusait de l’avoir laissée seule, et, prenant Émilie pour elle ; il sollicitait son pardon, lui disait qu’elle avait assez souffert, qu’il allait revenir et qu’il ne la quitterait plus.

Dans de pareils moments les craintes que lui inspirait la santé de Denbigh n’étaient pas les seules qui fissent pâlir Émilie.

Vers le soir la fièvre diminua, le malade devint plus calme, et Mrs Wilson vint prendre la place d’Émilie qui alla chercher un repos dont elle avait un grand besoin.

Le second jour de sa maladie, Denbigh tomba dans un profond sommeil, dont il sortit beaucoup plus calme et avec toute sa connaissance. La fièvre l’avait tout à fait quitté, et les médecins le déclarèrent hors de danger.

Rien ne peut égaler l’ivresse que ses amis firent éclater à cette nouvelle. Jane elle-même oublia jusqu’à son amant en apprenant qu’on n’avait plus rien à craindre pour les jours d’un homme qu’elle supposait être l’amant de sa sœur.



CHAPITRE XIX.


L’amour et la reconnaissance furent les premiers peintres.
Darwin


La convalescence de Denbigh fut aussi prompte que ses amis pouvaient l’espérer, et dix jours après l’accident qui avait failli