Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/160

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CHAPITRE XXXIV.

C’est un baronnet ! — Celui-ci est un lord : vous voyez que nous avons des titres.
Colman.


Depuis quinze jours qu’elles étaient à Benfield-Lodge, Mrs Wilson et Émilie avaient fait de fréquentes visites à Mrs Fitzgerald. Chaque entrevue augmentait l’intérêt que leur inspirait cette jeune femme, et les persuadait de plus en plus qu’elle était malheureuse, quoiqu’elle ne fît que bien rarement allusion à son sort et à son pays.

Mrs Wilson fut surprise de savoir qu’elle était protestante ; leurs conversations roulaient quelquefois sur la religion établie dans le pays de Mrs Fitzgerald, et sur celle de sa patrie adoptive, et la conformité de leurs opinions sur un point si essentiel resserrait encore les nœuds de leur amitié.

Un matin John accompagna sa tante ; Mrs Fitzgerald le reçut avec la cordialité d’une ancienne connaissance, quoique avec la réserve d’une Espagnole, et elle lui permit de renouveler sa visite.

Mrs Wilson lui ayant un jour raconté, pendant l’absence d’Émilie, le dévouement de Denbigh, qui s’était précipité entre elle et la mort, Mrs Fitzgerald fut si touchée de la noble conduite de ce jeune homme, qu’elle exprima le désir de le voir ; mais l’impression du moment s’étant effacée, elle n’en parla plus, et Mrs Wilson trouva inutile de le lui rappeler.

La tante et la nièce trouvèrent un matin Mrs Fitzgerald tout en pleurs ; elle tenait une lettre et dona Lorenza s’efforçait de la consoler.

On n’aurait pu dire sur quel pied cette dernière se trouvait chez sa jeune compagne. Quoiqu’elle n’eût pas un ton précisément commun, ses manières n’étaient point aussi distinguées que celles de Mrs Fitzgerald, et on ne savait si on devait la regarder comme son amie ou sa femme de charge.

Après les compliments d’usage, les dames, par discrétion, allaient se retirer, lorsque la jeune Espagnole les supplia de rester.