Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/162

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seils seraient plus utiles à Mrs Fitzgerald que ceux d’un jeune homme, et même de dona Lorenza.

En revenant au château, Émilie s’écria tout à coup :

— Quelque part que nous entendons parler de lord Pendennyss, ma tante, c’est toujours d’une manière avantageuse.

— Preuve certaine, ma chère, qu’il mérite la bonne opinion qu’on a de lui, car bien peu d’hommes peuvent se flatter de n’avoir pas d’ennemis, et nous n’avons pas encore rencontré ceux du comte.

— Cinquante mille livres sterling de revenu doivent faire beaucoup d’amis, dit Émilie en souriant.

— Sans doute, ma chère, ou beaucoup d’ennemis ; mais l’honneur ou la vie ne peuvent se payer avec de l’argent, dans ce pays du moins.

Émilie convint de la vérité de cette remarque, et, après avoir exprimé son admiration pour le noble caractère de Pendennyss, elle tomba dans une profonde rêverie. Il serait trop long d’énumérer toutes les vertus du jeune pair, qu’Émilie identifiait pour ainsi dire avec les qualités attachantes de Denbigh ; ceux qui connaissent le cœur humain devineront facilement le sien, même sans avoir siégé au parlement.

Pendant cette même matinée, M. et Mrs Jarvis firent leur entrée à L*** avec leurs filles.

L’arrivée d’une chaise de poste attelée de quatre chevaux était un événement qui se répandit bientôt dans toute la petite ville, et le nom de la famille à qui elle appartenait parvint à Benfield-Lodge au moment où Jane venait de céder, pour la première fois, aux instances du colonel, d’aller se promener seule avec lui.

De toutes les occasions possibles, une promenade est certainement la plus favorable pour une déclaration.

Soit que le colonel eût formé son plan d’avance, soit qu’il craignît que Mrs Jarvis ou tout autre ne voulût mettre obstacle à ses desseins, il résolut de profiter du tête-à-tête qu’on lui avait accordé, et à peine furent-ils hors de la maison, qu’il fit à Jane l’offre de sa main.

Le trouble de cette dernière l’empêcha quelque temps de répondre. Enfin, se rappelant que son père et sa mère désiraient autant qu’elle ce dénoûment attendu, elle balbutia, d’une manière presque inintelligible, que ses parents étaient les arbitres