Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/166

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tante ; Denbigh et Egerton aidèrent les dames à s’y placer ; le colonel avait quelques affaires qui l’empêchaient de partir aussitôt qu’elles, mais il devait les rejoindre un peu plus tard.

Les plaisirs de la soirée ne se bornaient pas à la danse ; on devait faire une promenade sur l’eau, et une collation devait précéder le bal.

Lord Henri Stapleton, jeune homme à la mode et commandant d’une des deux frégates, fut frappé de la beauté et de la tournure gracieuse de Jane et d’Émilie ; il se fit présenter à la famille du baronnet, et engagea Émilie pour la première contredanse.

Sa franchise et ses manières distinguées plurent beaucoup à ses nouvelles connaissances. Mrs Wilson, qui était plus gaie que de coutume, soutint avec le jeune marin une conversation très-animée ; en lui parlant de la croisière qu’il avait faite sur les côtes d’Espagne, le hasard lui fit nommer lord Pendennyss qu’il en avait ramené. Mrs Wilson ne laissait jamais tomber un sujet si intéressant, et elle trouva un interlocuteur digne d’elle ; car lord Henri était aussi enthousiaste du comte qu’elle pouvait le désirer.

Il connaissait légèrement le colonel Egerton, et il parla en termes polis du plaisir qu’il aurait de renouer connaissance avec lui, dès qu’il serait arrivé.

La soirée se passa comme presque toutes les soirées du même genre, avec plus d’ennui que de plaisir pour la plupart des personnes qui s’y trouvaient rassemblées.

La chaleur était excessive, et tandis que ses nièces dansaient, Mrs Wilson, changeant de place pour se rapprocher d’une croisée, se trouva près de deux hommes âgés, qui s’amusaient à faire des remarques sur l’assemblée ; après quelques commentaires peu intéressants, l’un d’eux s’écria :

— Quel est donc ce militaire que je vois au milieu des officiers de marine, mon cher Holt ?

— C’est le neveu, l’unique espérance de mon vieil ami, sir Edgar Egerton ; il danse et perd ici son temps et son argent, tandis que je sais que sir Edgar lui donna mille livres sterling, il y a six mois, à la condition expresse qu’il ne quitterait pas son régiment, et qu’il ne toucherait pas à une carte pendant un an.

— C’est donc un joueur ?

— Un joueur effréné, et sous tous les rapports un très-mauvais sujet.