Pendant le dîner, il répéta à la famille réunie qu’il se voyait forcé de partir, et qu’il espérait rencontrer Chatterton dans le cours de son voyage.
— Y a-t-il longtemps que vous avez eu de ses nouvelles, John ? demanda sir Edward.
— Non, Monsieur ; j’en ai reçu ce matin même : il a quitté Denbigh-Castle depuis quinze jours, et il va se rendre à Bath, où il a donné rendez-vous à son ami le duc de Derwent.
— N’êtes-vous point allié à la famille du duc, monsieur Denbigh ? demanda lady Moseley.
Un sourire indéfinissable anima un moment la figure expressive de Denbigh, tandis qu’il répondait :
— Oui, Madame, du côté de mon père.
— Il a, je crois, une sœur, continua lady Moseley, désirant en apprendre davantage sur les amis de Chatterton et sur les parents de Denbigh.
— Oui, Milady.
— Ne s’appelle-t-elle pas Henriette ? demanda Mrs Wilson. Denbigh baissa la tête en signe d’affirmation.
— Lady Henriette Denbigh ? dit Émilie timidement..
— Lady Henriette Denbigh, miss Émilie… Me permettez-vous de vous servir à boire ?
Les manières singulières du jeune homme pendant ce dialogue, quoiqu’elles n’eussent rien de désobligeant, coupaient court à toute autre question sur le même sujet, et Émilie fut forcée d’en rester là, sans avoir appris ce que c’était que Marianne. Elle n’était point jalouse ; mais elle désirait connaître tous ceux qui étaient chers à son amant.
— La douairière et ses filles doivent-elles accompagner Chatterton ? demanda sir Edward en se tournant vers John.
— Oui, Monsieur ; j’espère… ; c’est-à-dire, je crois qu’elle viendra.
— Elle… Qui, mon fils ?
— Grace Chatterton, dit John en tressaillant ; ne parliez-vous pas de Grace, sir Edward ?
— Pas d’elle seule du moins, à ce qu’il me semble, répondit le baronnet.
Denbigh sourit de nouveau, et impression de finesse et de malice qui anima sa physionomie, et que Mrs Wilson n’y avait