Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous aurez ce soir une réponse d’Émilie, et sans que je cherche à l’influencer, répondit Mrs Wilson. En fermant la porte, elle remarque sur les traits de Denbigh une expression si vive d’anxiété et d’angoisse, que le souvenir de ses vices ne put l’empêcher d’en avoir pitié.

Son inquiétude pour la santé de sa nièce bien-aimée se calma un peu, lorsqu’en entrant dans sa chambre, elle la trouva baignée de larmes. Elle savait que si elle avait la force de déposer ses chagrins dans le sein de celui qui mesure le vent à la force du jeune agneau, elle y puiserait le courage de les supporter, sinon avec calme, du moins avec résignation. Mrs Wilson l’embrassa tendrement, en lui remettant la lettre de Denbigh, et elle lui dit qu’elle reviendrait dans une heure chercher la réponse.

Elle espérait que la nécessité d’agir éveillerait son énergie, et son attente ne fut point trompée.

En entrant dans l’antichambre de sa nièce, elle apprit par la femme qu’elle y avait placée qu’Émilie était levée et occupée à écrire. Elle ouvrit la porte, et elle resta un moment immobile d’admiration au tableau qui s’offrit à ses yeux. Émilie, à genoux et les mains jointes, paraissait prier avec ferveur ; ses beaux cheveux flottaient sur ses épaules et cachaient sa figure baignée de larmes ; deux lettres étaient près d’elle sur le tapis. Dès qu’elle entendit le bruit, elle se leva, et, s’avançant vers sa tante avec un air de résignation, elle lui donna les lettres : — Lisez-les, ma tante, et si vous approuvez la mienne, veuillez la remettre à son adresse. Mrs Wilson la serra dans ses bras, et, Émilie désirant être seule, elle se retira dans sa chambre, où elle prit connaissance du contenu des deux lettres. Celle de Denbigh était conçue en ces termes :


« J’ose espérer de la bonté de miss Moseley qu’elle excusera la liberté que je prends de la déranger dans un moment où elle est souffrante, dans un moment si peu convenable pour un pareil sujet ; mais mon départ…, mon amour…, me serviront d’excuse. Dès le premier jour où je vous ai vue, votre amabilité, votre innocence, toutes ces qualités que vous seule ignorez, ont fait sur mon cœur une impression ineffaçable. Je ne sens que trop que je ne suis pas digne du bonheur où tendent mes vœux ; mais, après vous avoir connue, il est impossible de ne point s’efforcer de