Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait interrompue, mais il avait trop de délicatesse pour chercher à pénétrer la cause du refus de sa sœur. Il commençait à espérer qu’ils n’étaient point séparés pour jamais ; et décidé à revenir voir Denbigh le lendemain matin, il le quitta, pour lui laisser la liberté de rejoindre lord Henry Stapleton.

Le lendemain vers midi, John et l’intendant se rencontrèrent à la porte de l’hôtel où logeait Denbigh. Peter tenait la réponse que ce dernier avait faite à M. Benfield ; mais, avant de partir, il désirait le revoir. En demandant après celui qu’ils cherchaient, ils apprirent avec autant de contrariété que de surprise, qu’il était parti de grand matin avec tous ses bagages, et qu’il n’avait point dit où il se rendait.

Essayer de découvrir un homme dans une ville telle que Londres, lorsqu’on n’a pas la moindre idée du côté où il a dirigé ses pas, c’est perdre à la fois son temps et ses peines. Moseley le savait ; et, après avoir refusé l’expédient que lui proposait Peter, il retourna à son hôtel. Si le projet de l’intendant n’indiquait pas une grande sagacité, du moins il faisait honneur à sa persévérance ; il avait engagé John à suivre un des côtés de la rue, tandis qu’il se chargerait de l’autre, et à s’informer ainsi de porte en porte, jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé le fugitif. — Monsieur, dit Peter avec simplicité, lorsque notre voisin White perdit sa petite fille, ce fut de cette manière que nous la retrouvâmes, après avoir battu presque tout le village sans nous décourager, monsieur John. Mais celui-ci n’ayant pas voulu le seconder, il fut obligé de renoncer à l’entreprise, faute d’un coadjuteur, et, le cœur bien serré, il reprit la route de Benfield-Lodge.

Malgré la contrariété qu’il éprouvait de cette nouvelle fuite, à laquelle il ne comprenait rien, John désirait trop retrouver son ami pour ne pas tenter une nouvelle recherche. Il se rendit à l’hôtel du marquis d’Eltringham, frère de lord Henry, et il y apprit qu’ils étaient partis tous deux de grand matin pour le château du marquis, dans le Devonshire, où devait se célébrer le mariage de leur sœur.

— Sont-ils partis seuls ? demanda John d’un air pensif.

— Il y avait deux voitures, Monsieur, celle du marquis et celle de Sa Grâce le duc de Derwent.

— Et le duc était-il seul ?

— Un jeune homme était avec Sa Grâce ; mais le domestique