Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/209

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que vous regarderiez comme la vôtre, m’a donné beaucoup à penser. Après en avoir cherché longtemps le motif, je me suis rappelé ce que j’éprouvai moi-même lorsque lady Juliana hérita de tous les biens de son neveu, et je suis persuadé que vous avez été guidé par les mêmes sentiments ; mon expérience et celle de Peter Johnson, qui vous remettra cette lettre, m’ont appris qu’ils accompagnent toujours un amour véritable. Oui, mon cher Denbigh, j’honore votre délicatesse ; un homme ne doit pas recevoir de sa femme un rang et des richesses ; c’est elle, au contraire qui doit les tenir de lui. C’est pour cette raison que lord Gosford n’épousa pas la comtesse ; son amour-propre se révoltait à l’idée de s’unir à une femme qui était beaucoup plus riche que lui, comme il me le dit bien des fois lui-même, quoique les envieux assurassent que le mariage n’avait manqué que parce que la comtesse préférait M. Claworth. Ainsi, mon cher ami, pour tranquilliser votre délicatesse, j’ai trois propositions à vous faire : la première, de vous faire recevoir membre du parlement pour mon bourg à la prochaine élection ; la seconde, de venir prendre possession de Benfield-Lodge le jour de votre mariage avec Émilie ; je me retirerai pour le peu de temps qui me reste encore à vivre, dans la petite maison bâtie par mon oncle ; et la troisième, de vous donner dès à présent votre legs de dix mille livres sterling.

« Comme je suis sûr que votre délicatesse seule vous a forcé de nous quitter, je ne doute pas que cette lettre ne lève toutes vos objections, et que Peter ne nous rapporte l’heureuse nouvelle de votre retour dès que vous aurez terminé vos affaires.

Votre futur oncle,

« Roderick Benfield. »

N. B. « Comme Johnson n’a jamais été à Londres, je vous prie de guider son inexpérience, et surtout de le mettre en garde contre les intrigantes ; car Peter a toujours la bourse bien garnie. »

— Eh bien ! mon neveu, dit M. Benfield au baronnet dès que celui-ci eut fini de lire sa lettre, n’est-il pas déraisonnable de refuser mes offres ? Maintenant lisez sa réponse. Le baronnet lut à haute voix.


« Les expressions me manquent pour peindre les sentiments de reconnaissance dont la lettre de M. Benfield m’a pénétré ; je ne