Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/213

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les funestes conséquences d’une seule démarche inconsidérée dans ma jeunesse. Quel coup ma réponse va porter aussi à mon pauvre oncle, qui autrefois m’aimait si tendrement !

— Quand l’attendez-vous ? demanda Émilie, qui jusques alors n’avait osé prendre part à la conversation. Julia lui répondit qu’elle l’attendait à chaque instant : craignant qu’à la lecture de la lettre qui lui apprendrait sa résolution, il ne repartît à l’instant même pour le Portugal, elle lui avait demandé en grâce une entrevue qu’il ne lui avait pas refusée.

Mrs Wilson promit en partant de revenir aussitôt que le général serait arrivé. Elle serait plus à même, dit-elle à son amie, de lui donner des conseils lorsqu’elle connaîtrait le caractère de ses parents.

Un jour se passa, et le lendemain Mrs Fitzgerald lui annonça l’arrivée du général Maccarthy. Aussitôt Mrs Wilson retourna la voir avec sa nièce, espérant que la scène dont elles allaient être témoins empêcherait Émilie de s’abandonner à des réflexions aussi dangereuses pour son repos que contraires à son devoir.

Nos lecteurs ont sans doute déjà deviné que le compagnon de voyage de John Moseley dans la diligence n’était autre que le général espagnol, qui avait pris sur la conduite de sa nièce des renseignements dont le résultat avait été de la justifier complètement à ses yeux. Il paraît qu’il ignorait encore l’attentat dont elle avait failli être la victime, avant d’arriver à Lisbonne ; autrement son entrevue avec Denbigh aurait eu sans doute une issue toute différente de celle que nous avons rapportée.

Lorsque Mrs Fitzgerald présenta son oncle à ses deux amies, Mrs Wilson crut apercevoir, à travers l’air rigide et inflexible du général, une certaine expression de bonté dont peut-être il serait possible de tirer parti en faveur de Julia. On voyait qu’il cherchait à maîtriser ses sentiments jusqu’à ce que la décision de sa nièce pût lui permettre de s’abandonner à sa tendresse pour elle, tendresse qui se manifestait dans ses yeux, malgré la froideur apparente qu’elle affectait.

Il fallut un grand effort de courage de la part de Julia pour qu’elle se décidât à instruire son oncle de sa détermination ; mais le moment était venu d’accomplir son pénible sacrifice. Et, après que Mrs Wilson eut défendu quelque temps son attachement pour une religion dans laquelle elle avait été élevée, Mrs Fitzgerald dé-