Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/223

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CHAPITRE XXXII.



Lady Merwin. Drôle, souviens-toi que je suis madame la marquise.
Dick. Payez-moi donc du moins en valet de marquise.
Lady Merwin. Quand tu sauras enfin le prix d’un tel titre.
Le Galant.


Un matin que Clara avait décidé ses sœurs à l’accompagner, elle et Francis, jusqu’à la ville de L***, M. Benfield et le baronnet, Mrs Wilson et sa sœur, étaient rassemblés dans le parloir : les dames s’occupaient à broder, et les deux messieurs parcouraient les journaux de Londres.

Jane, quand elle était présente, observait toujours la même réserve à l’égard de ses amis ; et elle se tenait à l’écart, tandis qu’on n’aurait pu remarquer aucun changement dans la conduite d’Émilie, si parfois ses regards distraits ou attachés à la terre n’eussent prouvé que ses pensées la reportaient auprès de celui dont elle n’osait plus prononcer le nom, même à sa tante.

Mrs Wilson, qui était assise auprès de sa sœur, remarqua que leur hôte respectable était tout à coup livré à une agitation extraordinaire. Il se remuait sur sa chaise, retournait dans tous les sens le journal qu’il tenait à la main, puis le frottait avec sa manche et le relisait encore, comme si quelque article du journal était la cause de toute cette émotion, et qu’il ne pût en croire ses yeux. Enfin, il tira la sonnette avec violence, et donna ordre qu’on lui envoyât Johnson sans perdre un instant.

— Peter, lui dit M. Benfield lorsqu’il entra, lisez cela ; vos yeux sont encore jeunes.

Peter prit le journal, et, après avoir mis ses lunettes à sa satisfaction, il se mit en devoir d’obéir à son maître. Mais sa vue parut se troubler à son tour. Il s’approcha de la fenêtre, pencha le journal de côté, et parut épeler le paragraphe en lui-même. Il aurait donné ses trois cents livres de revenu pour que John Moseley eût été là, et que dans son impatience il lui eût arraché la