Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/244

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Mrs Wilson soupira en voyant la force d’un attachement que ni les principes les plus solides, ni les efforts les plus constants, ne pouvaient détruire, et elle répondit :

— Je ne crois pas du moins que ce soit la duchesse de Derwent ; et, entraînée par le cours de ses idées, elle ajouta imprudemment : — Mais c’est étonnant à quel point le duc ressemble par moments à votre mari !

Lady Laura parut un peu surprise et répondit : — Mais oui… un peu ; ils sont enfants de frères, comme vous savez ; et presque tous les membres de cette famille ont ce même son de voix qu’on n’oublie jamais dès qu’on l’a entendu. Pendennyss l’a également, quoiqu’il ne leur soit parent qu’à un degré plus éloigné, et on le retrouve aussi chez Henriette. Il faut qu’il y ait eu jadis quelque syrène dans la famille.

Sir Edward et lady Moseley voyaient avec le plus grand plaisir les attentions du duc pour Émilie ; sans attacher trop de prix au rang et à la fortune, ils trouvaient que ces qualités ne gâtaient rien ; de plus, lady Moseley était persuadée qu’un second attachement pour un objet qui en fût plus digne serait le seul remède aux chagrins de sa fille ; et c’était surtout cette considération qui l’avait portée à répondre aux avances de la famille du duc.

Le colonel Denbigh, cependant écrivit à sa femme qu’il lui était impossible de penser à quitter son oncle dans l’état précaire où il se trouvait ; et lady Laura partit pour le rejoindre, escortée de lord William.

Denbigh paraissait guidé par ce même sentiment de dévouement et de tendresse qui l’avait porté à entourer des soins les plus touchants un père sur le bord de la tombe. — Cela nous prouve, pensait M. Wilson, que le meilleur cœur ne nous empêche pas de nous égarer, et qu’une conduite irréprochable ne peut être le fruit que de principes solides.

Caroline Harris était de toutes les parties de plaisir, de toutes les promenades et de tous les dîners qui se donnaient à Bath ; et, comme le marquis d’Eltringham avait paru un jour faire attention à elle, elle résolut de tenter un dernier effort pour parvenir jusqu’à la Pairie, avant de condescendre à examiner s’il y aurait moyen de faire quelque chose du capitaine Jarvis. La mère du capitaine avait persuadé à Caroline que son fils était un Apollon ; elle lui avait confié qu’elle avait l’espoir de le voir un jour lord,