Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/253

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frances et n’étant pas fâché de faire faire ce voyage à sa jeune épouse, offrit ses services à la douairière.

Chatterton se laissa persuader par John que sa mère pouvait en toute sûreté traverser l’océan sous sa protection ; en conséquence, après avoir fait toutes les dispositions nécessaires, le jour fut fixé où la douairière devait partir pour Falmouth avec les jeunes époux.

Lady Chatterton ayant intention de rester en Portugal avec sa fille aînée, Jane offrit à sa belle-sœur de venir avec elle, de lui tenir compagnie au retour ; et ses parents, appréciant ses motifs, permirent ce voyage, espérant qu’elle y trouverait une diversion utile à ses chagrins.

Grace ne put s’empêcher de verser quelques larmes en se séparant d’Émilie et de ses autres amis ; mais elle ne pouvait ressentir longtemps l’atteinte du chagrin, en voyant l’air de joie et de contentement de son mari. La saison était belle, et nos voyageurs arrivèrent bientôt à Falmouth, où ils devaient s’embarquer.

Le lendemain matin le paquebot mit à la voile, et une brise favorable leur fit bientôt perdre de vue leur pays natal. Pendant quelques jours les dames souffrirent trop du mal de mer pour monter sur le tillac ; mais la beauté du ciel et le calme de l’Océan les engagèrent enfin à sortir de la cabane pour respirer un air plus frais.

Le paquebot ne portait que peu de passagers ; il s’y trouvait, entre autres, plusieurs femmes d’officiers au service de l’Espagne, qui allaient rejoindre leurs maris ; la vie errante qu’elles avaient menée souvent les avait habituées à lier facilement connaissance ; nos voyageuses se trouvèrent donc bientôt à l’aise avec leurs compagnes, et leur société contribua à diminuer l’ennui de la traversée.

Tandis que Grace, appuyée sur le bras de son mari, oubliait auprès de lui la frayeur que lui avaient d’abord causée les mouvements du navire, Jane s’aventura, avec une des jeunes dames dont nous avons parlé, à faire quelques pas sur le tillac ; mais, peu habituées encore au roulis du vaisseau, elles couraient risque d’être renversées, lorsqu’un jeune homme qu’elles n’avaient point encore vu vint obligeamment à leur secours. Ce léger accident, et le service auquel il avait donné lieu, amenèrent une conversation que le jeune homme sut rendre intéressante, et qu’il saisit