Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/264

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absence ? dit sir Edward ; je comptais au nombre des plaisirs que je me promets à Londres celui de vous y voir.

— Vous êtes bien bon, sir Edward, répondit le duc en regardant Émilie ; je ne puis dire encore ce que je ferai : cela dépend de circonstances que j’ose à peine espérer.

Lady Henriette sourit, et tout le monde, à l’exception d’Émilie, comprit ce que son frère voulait dire.

— Lord Pendennyss paraît exciter l’admiration générale, dit Mrs Wilson.

— Et c’est à juste titre, s’écria Derwent : il a donné à toute la noblesse un exemple bien rare. Fils unique et possesseur d’une immense fortune, il a voulu ajouter un nouveau lustre au nom qu’il avait reçu de ses aïeux ; il a embrassé le parti des armes, et en peu d’années il s’est couvert de gloire. Mais ce n’était pas assez de montrer un courage à toute épreuve ; au milieu de ses nobles travaux, il n’a négligé aucun de ses devoirs comme homme.

— Ni comme chrétien, j’espère ? dit Mrs Wilson enchantée d’entendre ce pompeux éloge de son héros.

— Ni comme chrétien, continua le duc, du moins si je connais bien tous les devoirs qui sont attachés à ce titre.

— Votre Grace n’en est-elle pas bien sûre ? dit Émilie avec un sourire de bienveillance.

— Non, pas autant que je le devrais, répondit-il en rougissant un peu et en baissant la voix ; mais, avec de bons conseils, je crois que je pourrais tout apprendre.

Tout en parlant il avait attiré doucement Émilie dans l’embrasure d’une fenêtre. Lady Moseley ni lady Henriette ne le remarquèrent ; Mrs Wilson seule les suivit de l’œil. Elle vit Derwent parler à Émilie avec chaleur ; sa nièce avait l’air confus et embarrassé ; mais il lui fut impossible de saisir un mot de leur conversation.