Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/29

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savez bien, tous ces petits renseignements qui peuvent être utiles au besoin.

Betty partit, et en moins d’une heure elle était de retour. Elle prit un air d’importance pour débiter ses nouvelles ; les miss Jarvis se trouvaient auprès de leur mère, et elle commença ainsi sa relation :

— D’après vos ordres, Madame, j’ai couru tout d’une haleine jusqu’au presbytère, où William a bien voulu m’accompagner. Arrivée à la porte, je frappai, et l’on nous fit entrer dans la salle où les domestiques étaient rassemblés. Je délivrai mon message ; mais pas plus de voile que… Eh ! mon Dieu ! Madame, le voilà sur le dos de votre fauteuil !

— C’est bon, Betty, c’est bon ; ne songeons plus au voile, dit sa maîtresse impatiente ; avez-vous appris quelque chose ?

— Pendant qu’ils cherchaient le voile, j’ai demandé tout bas à l’une des servantes quels étaient ces messieurs qui venaient d’arriver. Mais, le croiriez-vous, Madame ? (ici Betty prit un air de mystère) personne ne les connaît. Ce qui est sûr, Madame, c’est que le ministre et son fils sont toujours auprès du vieillard, lui faisant des lectures de piété, et lui récitant des prières, et…

— Et quoi, Betty ?

— Ma foi, Madame, ce doit être un bien grand pécheur pour avoir besoin de tant de prières, lorsqu’il va mourir.

— Mourir ! s’écrièrent les trois dames ; n’y a-t-il donc plus d’espoir ?

— Oh ! mon Dieu, non, Madame ; ils disent tous qu’il va rendre l’âme… ; mais toutes ces prières m’ont l’air suspectes à moi ; on dirait un criminel. Pour un honnête homme on ne ferait pas tant de façons.

— Non, sans doute, dit la mère.

— Non, sans doute, répétèrent les deux filles, et elles se retirèrent chacune dans leur chambre, pour se livrer à leurs conjectures.