Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de sa Marianne ; il la soulève dans ses bras, il cherche à la réchauffer contre son cœur : — Ô Marianne ! s’écrie-t-il, ma chère Marianne, reviens à toi ! Ouvre les yeux, regarde-moi !

Francis l’a suivi ; il est à ses côtés, et il examine attentivement le corps inanimé. Son œil est moins hagard, son air est moins sauvage ; tranquille à l’extérieur, un volcan semble fermenter dans ses veines.

— Marianne ! s’écria-t-il d’une voix concentrée… c’est aussi ma Marianne !

La lutte est trop pénible pour ses forces épuisées ; la nature ne peut résister plus longtemps au choc qu’il éprouve ; il se fait une sorte d’ébranlement dans tout son être ; un vaisseau s’est rompu dans sa poitrine ; l’infortuné tombe aux pieds de son frère ; on vole à son secours… il était mort !

Lady Pendennyss survécut dix-sept ans à cette horrible catastrophe ; mais, de retour dans son château, elle vécut plus isolée que jamais ; et, pendant ce long espace de temps, elle ne quitta jamais sa chambre.

Le docteur Yves et son épouse furent seuls instruits de la véritable cause de sa douleur. Cet événement fut toujours un mystère pour tous leurs autres amis.

Denbigh n’avait d’autre consolation que de s’occuper de l’éducation de ses deux enfants ; et c’était du moins pour lui un plaisir bien doux que de voir se développer insensiblement leur jeune intelligence. George idolâtrait son père qui seul était son maître, et qui s’étonnait souvent lui-même des dispositions surprenantes de son jeune élève. Denbigh, tout entier à ses importantes fonctions, formait à la fois son cœur et son esprit, et son fils n’avait pas encore seize ans, que déjà il joignait à une instruction solide des principes qu’il est rare de trouver dans un âge aussi tendre.

George témoigna le désir d’entrer dans l’armée ; son père y consentit, et il fit l’apprentissage de la guerre sous les ordres du général Wilson, qui se chargea de le diriger dans sa nouvelle carrière. Le général n’eut qu’à se louer de son jeune officier, qui faisait une heureuse exception parmi les militaires de son âge.

À la fin de la guerre d’Espagne, George revint dans ses foyers ; et il arriva à temps pour recevoir les derniers soupirs de sa mère.

Quelques jours avant sa mort, la comtesse voulut que ses enfants connussent son histoire, et elle remit entre les mains de son