Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/351

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ils presque toujours infructueux, à moins que la religion ne vienne à notre aide et n’oppose à l’orgueil humain, qui se révolte et nous entraîne, son humilité divine. Autrement, celle qui, grâce aux charmes de la jeunesse et de la beauté, aura joué avec succès le rôle de coquette, arrivera à la vieillesse, changée il est vrai, mais non point corrigée, tenant toujours au monde qui alors la repoussera, et regrettant inutilement les illusions de sa jeunesse.

« Adieu, mes enfants, sachez quelque gré à votre mère de vous avoir ouvert son cœur avec autant de franchise. Croyez qu’il lui en a coûté pour déchirer le voile qui cachait ses malheurs à vos yeux. Le désir de vous éclairer, de vous être utile, même après sa mort, a pu seul l’y déterminer. Profitez de cette terrible leçon. Consolez votre estimable père ; que votre tendresse le dédommage de tout ce qu’il a perdu ; et lorsque vous aurez le malheur d’être orphelins, placez alors votre confiance dans le Père céleste, qui n’abandonne jamais ceux qui le cherchent dans la sincérité et dans l’effusion de leur cœur.

« Votre mère mourante,
M. Pendennyss. »

Cette lettre, évidemment écrite sous l’inspiration du plus cuisant remords, fit une impression profonde sur ses enfants ; lady Marianne ressentait à la fois la plus tendre pitié pour les chagrins de sa mère, et une espèce d’horreur pour le défaut qui les avait causés, et son frère, le comte de Pendennyss, joignait à ces sentiments une vive appréhension du sort qui l’attendait dans le mariage.

Lorsque son oncle avait été si cruellement trompé, il passait, il est vrai, pour l’héritier d’un titre plus élevé que le sien ; mais lui-même maintenant ne portait-il pas un nom aussi honorable, et n’avait-il pas une fortune plus grande encore ? Les grands biens de son aïeul maternel et ceux de son père ne seraient que trop tôt réunis en sa personne, et si une femme, aussi aimable et aussi accomplie que l’amour filial lui montrait sa mère, avait pu céder aux tentations de l’orgueil et de l’intérêt, combien ne devait-il pas craindre que les mêmes motifs ne décidassent une femme à lui donner sa main, lorsque son cœur serait peut-être donné à un autre.