Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/371

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lady Herriefield s’étaient séparés, et la douairière, connaissant tous les dangers qui entourent une jeune femme dans la situation de Catherine, surtout lorsque des principes solides ne forment point la base de sa conduite, l’avait ramenée en Angleterre afin de pouvoir veiller sur elle.

Catherine n’avait réalisé aucune des espérances qui avaient décidé lord Herriefield à se marier. Elle était encore belle, mais un mari est bientôt indifférent à ce frivole avantage. Aussitôt qu’elle eut atteint son but, l’air de modestie et de simplicité qu’elle avait pris pour lui plaire fit place aux manières décidées d’une femme du monde et vouée à toutes les extravagances de la mode.

Le vicomte avait trouvé tout simple qu’une jeune et innocente fille se fût éprise de sa figure jaune et ridée ; mais du moment où le changement de manières de Catherine lui découvrit le piège où il avait été pris, il aperçut l’artifice dont elle s’était servie pour le tromper, et dès ce moment il cessa de l’aimer.

Les hommes sont flattés un moment d’être remarquée par une femme sans avoir cherché à attirer son attention ; mais bientôt ces avances, désavouées par la modestie, leur déplaisent et leur inspirent une sorte de dégoût.

Lorsque l’ambition ou l’intérêt ont uni deux êtres qui n’ont ni les mêmes principes ni les mêmes opinions, et que le mari et la femme, également égoïstes, ne veulent céder ni l’un ni l’autre, une prompte séparation est le seul remède à des nœuds mal assortis, ou la vie de ces époux ne sera qu’une suite de disputes continuelles.

Catherine avait quitté son mari avec plaisir, et il avait eu plus de plaisir encore à se voir débarrassé d’elle.

Avant que la séparation ne fût décidée, la douairière avait un rôle très-difficile à jouer ; témoin à chaque instant de nouvelles querelles, elle faisait de la morale au vicomte et des sermons à sa fille.

Le vicomte l’écoutait avec l’attention d’un enfant à qui un père ivre dit qu’il ne faut pas aimer le vin, et ses discours faisaient à peu près autant d’impression sur lui, tandis que Catherine, sûre de jouir, à tout événement, de deux milles livres sterling de rente, faisait aussi peu d’attention aux menaces qu’aux sourires de sa mère, et les recevait avec une égale indifférence.

Peu de jours après que la douairière et Catherine eurent quitté