Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/372

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Lisbonne, lord Herriefield partit pour l’Italie avec la femme d’un officier de marine anglaise, dont on venait de prononcer le divorce ; et si Catherine ne se conduisit point mal, elle le dut plus à la vigilance de sa mère, que l’expérience avait rendue prudente, qu’à sa propre sagesse.

La présence de Mrs Wilson était une véritable consolation pour Émilie, et comme elle avait refusé d’être présentée à la cour pendant l’absence de son mari, toute la famille se décida à retourner dans le Northampton.

Le Doyenné avait été meublé au moment du mariage de Pendennyss, et la comtesse prit possession de sa nouvelle demeure. Les occupations et la distraction qu’apporte toujours un voyage, l’ordre à mettre dans sa maison et les améliorations à y faire, les devoirs nombreux de son nouvel état, tout se réunissait pour étourdir Émilie, et l’empêcher de s’abandonner en liberté à ses inquiétudes.

Elle mit d’abord au nombre de ses pensionnaires le vieux paysan dont son mari avait si généreusement réparé la perte, lors de son premier voyage à B***, après la mort de son père.

Ses bontés pour ce vieillard ne paraissaient pas guidées par ce même discernement qu’elle apportait à tous ses actes d’humanité ; mais le souvenir de ce brave homme se trouvait associé à l’image chérie de Pendennyss, et le sentiment qui portait Émilie à le combler de bienfaits n’étonnait point Mrs Wilson. Marianne seule était surprise de voir sa sœur visiter deux ou trois fois par semaine et accabler de soins un homme qui ne paraissait manquer de rien.

Dès que sir Edward se retrouva à Moseley-Hall, il eut bientôt le plaisir de voir sa table hospitalière entourée de tous ceux qu’il aimait ; le bon M. Haughton était toujours le bienvenu au château, et quelques jours après l’arrivée de ses amis, il fut invité à venir dîner avec eux.

— Lady Pendennyss, dit M. Hanghton après le dîner, j’ai à vous donner des nouvelles du comte, qui vous feront certainement un grand plaisir.

Les yeux d’Émilie rayonnèrent de plaisir en entendant parler de son mari, quoiqu’elle fût bien sûre que M. Haughton ne pourrait rien lui apprendre dont les fréquentes lettres de Pendennyss ne l’eussent informée.