Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/145

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— Et la belle Barberie n’habite-t-elle plus la Cour des Fées ? demanda Ludlow avec une surprise trop naturelle pour être feinte.

L’alderman van Beverout à son tour regarda le jeune homme avec étonnement, réfléchit un instant jusqu’à quel point une ignorance prétendue de l’absence d’Alida pouvait être avantageuse au jeune officier dans la négociation qui allait avoir lieu. Puis il observa sèchement qu’on avait vu des bateaux sur la baie pendant la nuit. — Si les gens du capitaine Ludlow furent d’abord faits prisonniers, ajouta-t-il, je présume qu’ils furent mis à temps en liberté.

— Je sais où on les a emmenés ; le bateau a disparu, et je suis ici.

— Dois-je en conclure, capitaine Ludlow, qu’Alida de Barberie ne s’est pas enfuie de ma maison la nuit dernière pour chercher un refuge sur votre vaisseau ?

— Enfuie ! s’écria le jeune homme avec horreur. Alida de Barberie a-t-elle quitté la maison de son oncle !

— Capitaine Ludlow, nous ne jouons pas la comédie. Sur l’honneur d’un gentilhomme, ignoriez-vous l’absence de ma nièce ?

Le jeune commandant ne répondit pas, mais frappant son front avec violence, il prononça quelques mots inintelligibles.

Lorsque ce premier moment de désespoir fut passé, il se jeta sur une chaise et regarda autour de lui dans un étonnement stupide. Toute cette pantomime était inexplicable pour l’alderman, qui néanmoins commençait à voir que la plupart des conditions de l’arrangement qui se préparait étaient moins au pouvoir de son compagnon qu’il ne l’avait cru d’abord. Cependant, au lieu de s’éclaircir, l’affaire devenait de plus en plus obscure, et le bourgeois n’osait parler, de crainte de commettre quelque imprudence. Le silence continua pendant une minute, et les deux interlocuteurs se regardaient dans un triste étonnement.

— Je ne nierai pas, capitaine Ludlow, la croyance où j’étais que vous aviez persuadé à ma nièce de se réfugier à bord de la Coquette ; car quoique j’aie toujours en des pouvoirs sur ses sentiments comme la meilleure manière de diriger ses intérêts particuliers, je sais que la jeunesse imprévoyante se rend souvent coupable de folie. Maintenant je suis aussi embarrassé que vous de savoir ce qu’elle est devenue, puisqu’elle n’est point ici.

— Attendez ! interrompit vivement Ludlow. Un bateau qui vous appartenait partit ce matin pour la ville dans les premières heures du jour. N’est-il pas possible qu’elle s’y soit embarquée ?