Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

habitations flottantes qui n’avaient pas le dessein de s’éloigner. On était arrivé à l’heure où le temps de la journée devient fixe, et l’on n’espérait plus qu’un vent de terre pût engager le contrebandier à traverser le passage avant le retour de la marée, dont le flux courait alors rapidement.

Les fenêtres du Lust-in-Rust étaient ouvertes comme lorsque le propriétaire étaient présent, et les serviteurs étaient employés dans la villa et ses environs à leurs occupations ordinaires, bien qu’il fût évident, à la manière dont ils s’arrêtaient pour causer et par les fréquentes conférences qui avaient lieu dans des endroits secrets, qu’ils partageaient l’étonnement que causait l’absence de la jeune héritière ; sous tout autre rapport, la villa et ses dépendances étaient comme à l’ordinaire, tranquilles et désertes en apparence.

Mais il y avait un groupe à l’ombre d’un chêne, sur le rivage du Cove, et sur un point où il était rare d’apercevoir un homme. Cette petite société paraissait attendre quelque communication du brigantin, puisqu’elle avait établi son poste sur la côte du passage près du cap, et dans un lieu si retiré, qu’elle pouvait entièrement éviter d’être vue par ceux qui pourraient entrer ou sortir de l’embouchure de la Shrewsbury. Enfin elle était sur la limite longue, basse et étroite, qui forme maintenant la projection du Hook, et qui, par la brèche temporaire que le Cove avait faite entre ses eaux et celles de l’Océan, était alors une île.

— La discrétion devrait être la devise d’un marchand, observa un de ces individus, que le lecteur reconnaîtra sans doute à ses opinions. Il devrait être discret en affaires, et discret dans sa manière de les diriger, discret en fait de crédit et, par-dessus tout, discret dans ses spéculations. Il est aussi peu nécessaire, Messieurs, pour un homme intelligent d’appeler l’aide d’un posse comitatus pour tenir sa maison en ordre, que d’aller raconter dans les marchés publics l’histoire de ses opérations. J’ai recours avec joie à l’assistance du capitaine Cornélius Ludlow et à celle de M. Oloff van Staats, car je sais qu’ils garderont le silence sur les petits événements qui viennent d’avoir lieu chez moi. Ah ! le noir a communiqué avec le contrebandier,… supposant toujours que l’opinion de M. Ludlow concernant le vaisseau soit juste,… et le voilà qui quitte le brigantin.

Aucun des deux compagnons de l’alderman ne répondit. L’un