Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/169

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hardies pour débarquer sur mes terres la nuit passée, sans la connaissance ou le consentement du propriétaire. Vous observerez le sens de notre discours, monsieur van Staats, car cette affaire peut être portée devant les autorités… Comme je le disais, Monsieur, à l’insu de leur propriétaire, et qu’on a vendu des marchandises prohibées par les lois, à moins qu’elles n’entrent dans les provinces embellies et purifiées par l’air des domaines de la reine en Europe… Dieu bénisse Sa Majesté !

— Amen… Les marchandises qui quittent la Sorcière des Eaux sont ordinairement purifiées par l’air de bien des régions différentes. Nous ne sommes point paresseux dans nos mouvements, et les vents de l’Europe cessent à peine d’enfler nos voiles, que nous ressentons ceux d’Amérique. Mais voilà des affaires qui regardent l’échiquier, et qui devraient être discutées devant les douze bourgeois miséricordieux, plutôt que de faire le sujet de votre visite.

— J’ai commencé par citer des faits, afin qu’il n’y eût point de méprise. Mais outre une imputation défavorable au crédit d’un marchand, une grande calamité vient d’affliger ma maison pendant la nuit dernière. La fille et l’héritière du vieux Étienne de Barberie a quitté sa demeure, et nous sommes portés à croire qu’elle s’est oubliée jusqu’à chercher un refuge sur ce vaisseau. Bonne foi et relations ! maître Seadrift ; je crois que cela excède le pouvoir d’un contrebandier lui-même. Je puis être indulgent pour quelques erreurs dans un compte, mais les femmes peuvent être importées et exportées sans payer de droits, quand et où l’on veut, et alors quelle était la nécessité d’enlever celle-là de la demeure de son vieil oncle, et avec tant de mystère ?

— On ne peut nier votre proposition, et votre conclusion est sentimentale ! J’admets que la demande soit faite dans toutes les formes, et je suppose que ces deux messieurs sont ici pour être témoins de sa légalité.

— Nous sommes venus pour aider un malheureux parent et tuteur à réclamer sa pupille, répondit Ludlow.

Le contrebandier tourna ses regards sur le patron, qui donna son assentiment par un salut silencieux.

— C’est bien, Messieurs ; j’admets aussi le témoignage. Mais quoique je sois, suivant l’opinion vulgaire, un si digne sujet pour la justice, j’ai eu jusqu’ici peu de communications directes avec