Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/207

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cheminée des bâtiments peu élevés de la plaine sur la même ligne que le chêne mort de la côte, et levez les yeux lentement jusqu’à ce que vous découvriez une voile.

— Ce vaisseau navigue dans les cieux, s’écria Myndert. Ta grand’mère était une femme d’esprit, patron, elle était cousine de ma pieuse grand’mère, et l’on ne peut s’étonner de ce que ces respectables dames ont vu dans leur temps et de ce qu’elles ont entendu, lorsqu’on voit dans le nôtre de semblables choses !

— Je suis aussi peu disposé qu’un autre à ajouter foi aux prodiges, répondit gravement Oloff van Staats, et cependant si j’étais appelé en témoignage, je répugnerais à dire que le vaisseau qui est là-bas ne flotte pas dans les cieux !

— Vous vous tromperiez cependant, reprit Ludlow. Ce vaisseau est simplement un brigantin demi-gréé, dont la bouline est très-élevée, quoiqu’il ne montre pas beaucoup de voiles. Monsieur van Beverout, le croiseur de Sa Majesté est disposé à se mettre en mer.

Myndert entendit cette déclaration avec un chagrin visible. Il parla de la vertu, de la patience et des avantages de la terre ferme ; mais lorsqu’il s’aperçut que la résolution de l’officier ne pouvait être ébranlée, il annonça avec répugnance l’intention où il était de se mettre personnellement à la recherche de sa nièce. En conséquence ces trois personnes se trouvèrent une demi-heure après sur les rives de Shrewsbury, et prêtes à s’embarquer dans la chaloupe de la Coquette.

— Adieu, monsieur François, dit l’alderman, en faisant un signe de tête au vieux valet qui restait désolé sur le rivage ; ayez soin des meubles dans la Cour des Fées ; nous pouvons en avoir encore besoin.

— Mais, monsieur Bèvre, en supposant que la mer fût plus agréable, mon devoir et mon désir seraient de suivre mademoiselle Alida. Jamais personne dans la famille de Barberie n’a aimé la mer. Mais, Monsieur, comment faire ? je mourrai de douleur dans un vaisseau, et je mourrai certainement d’ennui en restant ici.

— Venez alors, fidèle François, dit Ludlow. Vous suivrez votre jeune maîtresse, et peut-être cette nouvelle épreuve vous convaincra que notre existence, à nous autres marins, est plus agréable que vous ne le pensez.