Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes qui étaient sur les vergues pouvaient distinguer la position du brigantin. Tandis que les deux vaisseaux étaient dans cette situation, Ludlow rejoignit ses hôtes sur le gaillard d’arrière.

— Un homme prudent essaiera de l’emporter par adresse, lorsqu’il ne peut l’emporter par force, dit l’alderman. Je ne prétends pas avoir de grands talents en marine, capitaine Ludlow, quoique j’aie passé une semaine à Londres et que j’aie traversé sept fois l’Océan pour me rendre à Rotterdam. Nous ne fîmes rien de bon dans nos traversées en essayant de forcer la nature. Lorsque les nuits devenaient sombres, comme maintenant, les honnêtes marins attendaient un meilleur temps, et par ce moyen nous arrivions sans danger au port.

— Vous voyez que le brigantin a ouvert ses voiles, quand nous l’avons aperçu pour la dernière fois, et celui qui veut aller vite doit avoir recours aux mêmes moyens.

— On ne peut jamais savoir ce qui se passera dans les cieux, quand il est impossible de voir la couleur d’un nuage. Je ne connais la réputation de l’Écumeur de Mer que par celle que la renommée lui donne ; mais d’après l’opinion d’un homme de terre, nous ferions mieux de montrer des lanternes dans différentes parties du vaisseau, de crainte que quelque bâtiment allant en Amérique ne vienne nous heurter, et attendre à demain pour agir.

— On nous épargne la peine de la surveillance, car voyez, l’insolent s’est éclairé lui-même comme pour nous inviter à le suivre ! Cette témérité surpasse toute croyance ! Se jouer ainsi d’un des plus rapides croiseurs de la flotte anglaise ! Voyez si tout est en bon état, Messieurs, et tendez davantage les voiles. Qu’on borde les huniers, Monsieur, et voyez si tout est bien accoré dans l’arrimage.

L’ordre fut répété par l’officier de quart, qui demanda si toutes les voiles étaient aussi tendues que possible ; il renforça quelques-uns des cordages, et un repos général succéda à cette activité momentanée.

Le brigantin avait en effet montré une lumière, comme s’il se moquait des tentatives du croiseur royal. Quoique secrètement piqués par ce mépris ouvert de la rapidité de leur bâtiment, les officiers de la Coquette se trouvèrent délivrés d’une pénible sur-