Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/268

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que par une simple ligne de sable. Plus en arrière, et entourées de montagnes arides, sont les eaux de l’Averne. On voit encore sur leurs rives les ruines d’un temple consacré aux divinités infernales. La grotte de la Sibylle s’élève à gauche, et le passage de Cumes est presque par derrière. La ville qu’on voit à un mille à droite est Pouzzoles, port des anciens, lieu qu’on visite aujourd’hui pour y admirer les restes des temples de Jupiter et de Neptune, ses amphithéâtres dégradés et ses tombes à demi recouvertes de terre. C’est là que Caligula, dans sa présomption, essaya de jeter un pont, et que le cruel Néron attenta aux jours de sa mère, qui se rendait à Baies. C’est là aussi que saint Paul débarqua lorsqu’il fut amené à Rome comme prisonnier. L’île petite, mais hante et presque en face, est Nisida, lieu on se retira Marcus Brutus après le crime commis aux pieds de la statue de Pompée. Il possédait une villa ; et c’est de là que, accompagné de Cassius, il mit à la voile pour aller rencontrer à Philippes l’ombre et la vengeance de César assassiné. Viennent ensuite mille sites plus connus dans le moyen-âge ; mais dans le nombre, au bas de cette montagne, sur le dernier plan, est encore la fameuse route souterraine dont on dit que parlent Strabon et Sénèque, et par laquelle le paysan conduit tous les jours son âne aux marchés d’une ville moderne. À son entrée est la tombe de Virgile, et puis commence un amphithéâtre de maisons blanches à terrasses. Voici la bruyante Naples, couronnée de son rocailleux château de Saint-Elme. La vaste plaine qui est à droite contenait entre autres villes la voluptueuse Capoue. Vient ensuite la montagne du volcan aux trois sommets. On dit que des villas, des villages et des villes sont enterrées sous les vignes et les palais qui entourent sa base. L’ancienne et malheureuse ville de Pompéia s’élevait sur cette plaine, qui, en suivant les côtes de la baie, se montre plus au loin ; puis vient la ligne du promontoire que forme la côte de Sorrente.

— Un homme qui a tant d’instruction devrait en faire un meilleur usage, dit Ludlow tristement lorsque le contrebandier eut cessé de parler.

— Dans les autres pays, les hommes tirent leur savoir des livres ; en Italie, les enfants acquièrent des connaissances par l’étude des lieux[1].

  1. Cette exacte description a sans doute été tracée par M. Cooper lors de son séjour à Naples au commencement de 1850.