Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trebandier parlait comme un homme qui médite, plutôt que comme une personne qui adresse une question. Le parent de notre gracieuse souveraine spécule sur les chances de la fortune humaine, entre les murs d’une prison. Son successeur, le brigadier Hunter, a moins de sympathie, dit-on, pour les infirmités de la nature humaine !

— Nous traitons légèrement les dignités ! s’écria le captif avec son ancienne gaieté. Vous usez de représailles pour quelques libertés qui furent prises à votre égard, il n’y a pas quinze jours, dans cette chaloupe et avec ce même équipage. Cependant je me suis bien trompé sur votre caractère si une sévérité inutile forme un de ses traits distinctifs. Puis-je communiquer avec le brigantin ?

— Librement… lorsqu’il sera une fois confié aux soins d’un officier de la reine.

— Oh ! Monsieur, vous dépréciez les qualités de ma maîtresse, en supposant qu’il existe une comparaison entre elle et la vôtre ! La Sorcière des Eaux ira au large, jusqu’à ce qu’un bien différent personnage devienne votre captif. Puis-je communiquer avec la terre ?

— Il n’y a point d’objection à cela, si vous voulez m’en indiquer les moyens.

— J’ai quelqu’un ici qui sera un messager fidèle.

— Trop fidèle à l’erreur qui gouverne tous vos affidés ! Cet homme doit vous accompagner à bord de la Coquette, maître Seadrift. Cependant, ajouta Ludlow d’une voix mélancolique, s’il y a quelqu’un sur terre qui s’intéresse particulièrement à vous, et qui puisse trouver plus de chagrin dans l’incertitude que dans la réalité, un homme de mon équipage, dans lequel on peut placer toute confiance, se chargera de votre commission.

— Que cela soit ainsi, répondit le contrebandier, comme s’il eût été convaincu qu’il ne pouvait en exiger davantage. Portez cette bague à la dame qui habite ce manoir, ajouta-t-il lorsque Ludlow eut choisi le messager, et dites-lui que celui qui l’envoie est sur le point d’aller rendre visite au croiseur de la reine Anne, accompagné de son commandant. Si l’on désire en connaître le motif, vous pouvez parler de la manière dont j’ai été arrêté.

— Écoutez-moi, ajouta le capitaine, ce devoir rempli, faites attention à tous les désœuvrés qui se trouveront sur le rivage, et