Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/301

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avirons. Cependant, comme plus d’une lumière avait été apportée pour éclairer les nouveaux venus, on eût pu distinguer leur visage, s’ils n’eussent pas été soigneusement couverts ; la société entra dans la cabine sans avoir été reconnue.

— Maître Cornélius Ludlow, on devrait revêtir la livrée de la reine tout d’un coup, lorsqu’on voyage si souvent de cette manière incommode entre la terre et la Coquette, comme un billet protesté envoyé d’un endosseur à un autre pour en recevoir le paiement, dit l’aldernam van Beverout, entrant dans la cabine avec le plus grand sang-froid, tandis que sa nièce se jetait sur une chaise, et que ses deux domestiques se plaçaient derrière elle en silence. — Voici Alida, qui a insisté pour faire cette visite hors de saison ; et, ce qui est pire, pour que je l’accompagne, quoique j’aie passé l’âge où l’on suit une femme de côté et d’autre, simplement parce que le hasard lui a donné un joli visage. L’heure est déraisonnable, et quant au motif… Eh bien ! si maître Seadrift s’est un peu éloigné de sa route, il n’y a pas grand mal à cela, puisqu’il a affaire à un officier aussi aimable que vous.

L’alderman devint muet subitement, en voyant la personne qu’il venait de nommer entrer dans la cabine.

Ludlow n’eut besoin que de reconnaître ses hôtes pour comprendre le motif de leur visite. Se tournant vers l’alderman van Beverout, il dit avec une amertume qu’il ne pouvait maîtriser :

— Ma présence peut être importune. Faites usage de cette cabine comme de votre propre maison, et soyez persuadés que tant qu’elle sera honorée par votre présence, elle sera sacrée à mes yeux. Mon devoir m’appelle sur le tillac.

Le jeune homme salua gravement et se précipita hors de la cabine. En passant près d’Alida, il rencontra ses yeux noirs et éloquents, et crut y lire une expression de reconnaissance.