Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rendre le radeau plus solide en y ajoutant de nouveaux liens.

L’Écumeur acquiesça à cette proposition, et, après s’être consultés un moment sur ce travail, il rejoignit le groupe réuni près de la hune, afin de le faire exécuter. Comme l’équipage du radeau était réduit aux deux matelots du brigantin, Ludlow et son compagnon furent obligés de se mettre à l’ouvrage avec eux.

Bien des agrès inutiles qui ajoutaient à la pression sans aider à la légèreté du radeau furent coupés, et tous les boute-hors en fer, arrachés des vergues, descendirent rapidement au fond de l’Océan. Par ce moyen le radeau fut débarrassé d’un grand poids, flotta avec plus d’aisance et n’eut que plus de force pour soutenir ceux qui lui avaient confié leur existence. L’Écumeur, accompagné de ses deux matelots dociles et silencieux, s’aventura le long des espars à demi submergés jusqu’à l’extrémité des mâts chancelants, et après les avoir maniés avec la dextérité d’hommes habitués aux machines compliquées d’un vaisseau, même dans les temps les plus sombres, ils vinrent à bout de débarrasser les deux petits mâts avec leurs vergues respectives, et de les assujettir à la masse des débris, ou à la partie qui entourait la hune ; là les bâtons furent croisés de manière à ajouter une grande force à la plate-forme du radeau.

Il y avait quelque espérance et quelque sécurité dans le résultat de ce travail. L’alderman et François y aidèrent eux-mêmes autant que leurs connaissances et leurs forces le leur permirent. Mais lorsque ces changements furent accomplis et qu’on eut ajouté de nouveaux liens pour tenir à leur place le mât de hune et les plus grandes vergues, Ludlow en rejoignant le groupe convenait tacitement qu’il ne restait plus rien à faire pour éviter les hasards d’un élément capricieux.

Pendant les heures occupées à ce devoir important, Alida et sa compagne adressaient à Dieu de ferventes prières. Avec la foi qu’ont les femmes dans cet être divin qui peut seul les protéger, et avec ce courage moral que montre souvent le sexe le plus faible dans les moments de danger, elles avaient su réprimer leurs terreurs, et avaient cherché leur soutien dans un pouvoir supérieur à celui des hommes. Ludlow reçut donc la récompense de ses peines par le son de la voix d’Alida, qui le remerciait de tout ce qu’il avait fait.

— Le reste dépend de la Providence, ajouta la jeune fille ; tout