Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montrer s’offrit à l’esprit de Violetta, et elle se hâta d’apprendre à son amant le danger qu’il courait en adressant la parole à sa nouvelle suivante.

— Tu as déjà été en service, Annina ? lui demanda-t-elle assez haut pour que sa voix pénétrât dans l’oratoire.

— Jamais à celui d’une dame si belle et si illustre, Signora. Mais j’espère me rendre agréable à une dame qu’on dit si bonne pour tout ce qui l’entoure.

— Tu n’es pas neuve dans l’art de la flatterie, du moins. Retire-toi, et va informer mes gens de cette résolution subite, afin d’exécuter sans retard les ordres du Conseil. Je te charge du soin de tous les préparatifs, Annina, puisque tu connais le bon plaisir de mes tuteurs. — Mes gens t’en faciliteront les moyens.

Annina parut hésiter, et ceux qui l’observaient crurent remarquer qu’elle n’obéissait qu’avec une répugnance soupçonneuse. Elle obéit pourtant, et sortit de l’appartement avec un domestique que donna Violetta avait appelé de l’antichambre. Du moment que la porte fut fermée, don Camillo reparut au milieu due groupe, et les quatre amis se regardèrent entre eux, frappés d’une égale terreur.

— Peux-tu encore hésiter, mon père ? demamda l’amant.

— Je n’hésiterais pas un instant, mon fils, si je voyais les moyens de réussir dans notre fuite.

— Quoi ! tu ne m’abandonneras donc pas ! s’écria Violetta en lui baisant la main ; ni toi, ma seconde mère ?

— Ni moi, répondit la gouvernante, qui avait une sorte d’intuition pour comprendre les résolutions du moine ; nous irons avec toi, ma chère, au château de Sainte-Agathe, ou dans les prisons de Saint-Marc.

— Bonne et vertueuse Florinda, reçois mes remerciements ! s’écria Vioietta en croisant les mains sur son sein avec une émotion mêlée de piété et de reconnaissance. Camillo, c’est à toi de nous guider.

— Prends garde ! dit le moine ; j’entends quelqu’un. — Vite dans ta retraite !

Don Camillo était à peine rentré dans l’oratoire qu’Annina reparut ; comme l’officier du sénat, elle jeta un coup d’œil tout autour de l’appartement, et, d’après la question frivole qu’elle fit, il paraissait que son entrée n’avait aucun autre prétexte que