Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/216

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suivie de la bénédiction que le prêtre donna aux deux époux.

— Que Marie, de pure mémoire, veille sur ton bonheur, ma fille ! dit le moine en donnant pour la première fois de sa vie un baiser sur le front à la nouvelle épouse dont les yeux étaient humides. Duc de Sainte-Agathe, puisse ton patron écouter les prières, autant que tu seras tendre époux pour cette aimable enfant, pleine d’innocence et de confiance.

— Amen ! — Ah ! nous n’avons pas été unis trop tôt, ma chère Violetta ; j’entends le bruit des rames.

Il courut au balcon, et un regard suffit pour l’assurer qu’il ne s’était pas trompé. Il était donc évident qu’il était alors nécessaire de faire le dernier pas, le pas le plus décisif. Une gondole à six rames, de grandeur suffisante pour braver les vagues de l’Adriatique en cette saison, et sur le pont de laquelle était un pavillon de dimensions convenables, s’arrêta à la porte d’eau du palais.

— Je suis surpris de cette hardiesse, s’écria don Camillo. Point de délai, de crainte que quelque espion de la république ne donne avis de notre fuite à la police. — Partons, chère Violetta !

— Donner Florinda, mon père, partons !

La gouvernante et son élève passèrent à la hâte dans leur appartement : elles en revinrent au bout d’une minute, portant les écrins de donna Violetta et le peu d’objets qui leur étaient nécessaires pour un voyage de courte durée. À l’instant où elles reparurent, tout était prêt, car don Camillo s’était préparé d’avance à ce moment décisif ; et le carme, habitué à une vie de privations, n’avait besoin d’aucune superfluité.

Ce n’était pas le moment d’entrer dans des explications inutiles ou de faire des objections frivoles.

— Tout notre espoir est dans la célérité, dit don Camillo ; car le secret est impossible.

Il parlait encore, quand le moine donna l’exemple de sortir de l’appartement. Donna Florinda et Violetta, respirant à peine, le suivirent : don Camillo passa le bras d’Annina sous le sien, et lui ordonna à voix basse de prendre bien garde de lui désobéir en rien.

Ils traversèrent la longue suite des appartements, sans rencontrer un seul individu qui pût observer ce mouvement extraordinaire ; mais quand les fugitifs entrèrent dans le grand vestibule