Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/52

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Une lourde magnificence présidait au style de l’édifice. Le vestibule était vaste, massif et voûté ; l’escalier de marbre, somptueux et grand. Les appartements étaient imposants par leurs dorures et leurs sculptures, tandis que les murs étaient couverts de tableaux dans lesquels les plus grands peintres de l’Italie avaient prouvé leur génie. Parmi ces chefs-d’œuvre d’un siècle plus heureux sous ce rapport que celui dans lequel nous écrivons, le connaisseur eût deviné facilement le pinceau de Titien, de Paul Véronèse et du Tintoret, trois noms dont les habitants de Venise tirent justement vanité. Parmi ces ouvrages des premiers maîtres, on en voyait d’autres dus au talent de Bellino, de Mantegna et de Palma Vecchio, artistes qui ne le cèdent qu’aux plus célèbres peintres de l’école vénitienne. De vastes miroirs couvraient la partie des murs que la collection de tableaux avait laissée vacante, tandis que les draperies de velours et de soie ajoutaient à la beauté d’un lieu dont la magnificence était presque royale. Les élégants et frais parquets, composés des marbres les plus coûteux de l’Italie et de l’Orient, polis avec le plus grand art et curieusement entremêlés, augmentaient aussi le luxe d’un séjour où le goût le disputait à la richesse.

Le bâtiment, dont deux côtés s’élevaient littéralement du sein des eaux, était, comme à l’ordinaire, disposé autour d’une cour. En suivant ses différentes façades, l’œil pouvait pénétrer à travers plusieurs portes ouvertes à cette heure pour faciliter le passage de l’air venant de la mer dans une longue suite d’appartements meublés de la manière que nous avons décrite, et éclairés par des lampes qui répandaient la plus douce lumière. Passant rapidement dans des appartements de réception et des chambres à coucher, dont la magnificence semblait se jouer des besoins habituels de la vie, nous introduirons le lecteur dans la partie du palais où nous conduit cette histoire.

À l’angle du bâtiment, sur le côté du plus bas des deux canaux, et aussi loin que possible de celui qui conduisait à la ville, où se voyait la façade de l’édifice, il y avait une suite d’appartements déployant le même luxe et la même magnificence que ceux dont nous avons déjà parlé, mais indiquant en même temps une plus grande attention pour les besoins ordinaires de la vie. Les tapisseries étaient bien des velours les plus riches et des soies les plus moelleuses, les glaces de la composition la plus pure ; les par-