Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/125

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à la religion de ses ancêtres du moyen âge. S’il en était ainsi, nous en éprouverions peu de chagrin, car nous ne croyons pas que le salut soit particulier à telle on telle secte ; mais si nous avions quelque crainte sur les conséquences d’une telle conversion, elle ne serait point excitée par l’augmentation accidentelle des émigrants dans les villes, ni par les affaires publiques dont ce pays s’occupe si activement. Nous croyons que pour un protestant qui se fait catholique en Amérique, on trouve dix émigrants catholiques qui se placent tranquillement dans le rang des sectaires, et cela sans agiter le pays, qui gagne ou qui perd à ce changement. Maintenant nous allons continuer à décrire la manière dont on célébra la messe, cérémonie dont probablement quatre-vingt-dix-neuf sur cent de nos lecteurs américains n’ont pas eu et n’auront probablement jamais l’occasion d’être témoins.

De toutes les cérémonies qui peuvent émouvoir le cœur de l’homme, il n’y en a point qui aient donné naissance à plus d’opinions contraires que celles qui appartiennent au culte romain. À une partie de la chrétienté ces cérémonies paraissent de vaines momeries, inventées pour tromper les hommes, et pratiquées dans des vues que l’on ne peut justifier, tandis que pour une autre elles rappellent tout ce qui est imposant et sublime dans le sentiment religieux. Comme il est ordinaire dans tout ce qui est exagéré, la vérité semble s’être placée entre ces deux opinions. Les plus zélés catholiques se trompent lorsqu’ils croient à l’infaillibilité des ministres de leurs autels, ou lorsqu’ils n’aperçoivent pas la négligence et la manière irrévérencieuse avec laquelle la plupart des offices divins sont pratiqués ; d’un autre côté, le protestant qui quitte une église catholique sans s’apercevoir combien il y a de dévotion profonde et sublime dans les rites de ce culte, a fermé son cœur à tout sentiment en faveur d’une secte qu’il désire proscrire. Nous n’appartenons à aucune de ces deux classes, et nous essaierons de représenter les choses comme elles ont eu lieu, n’affectant aucune émotion et n’en déguisant non plus aucune, quoique nos pères aient cherché un refuge dans le nouvel hémisphère pour y élever les autels d’une nouvelle croyance.

Nous avons déjà dit que l’intérieur de l’église de l’abbaye de Limbourg était célèbre dans toute l’Allemagne par sa magnificence. La voûte, soutenue par des colonnes massives, était ornée