expression d’intérêt. Les regards du prédicateur rencontrèrent ceux du sombre baron, et, sans changer de langage ni de manières, il continua ainsi, comme se livrant au cours naturel de ses pensées : « Telle est l’Église dans sa pureté, mes chers frères ; les erreurs, les passions et les desseins de l’homme travaillent en vain à lui nuire. La foi que je prêche vient de Dieu, et elle participe aux perfections de sa divine essence ; celui qui imputerait les fautes qui se commettent contre elle à d’autres causes qu’à la faiblesse des créatures humaines, jetterait de l’odieux sur des institutions créées pour son bien ; et celui qui voudrait violer ses autels lèverait son bras impuissant contre l’ouvrage de Dieu lui-même. ».
Après avoir écouté ces paroles qui résonnèrent longtemps dans ses oreilles, Emich d’Hartenbourg se leva, et traversa l’église d’un air pensif.
CHAPITRE IX.
- Byron. Le Ciel et la Terre.
abbaye de Limbourg devait son existence et sa richesse à la
faveur d’un empereur d’Allemagne. On y avait érigé en l’honneur
de ce puissant patron un autel particulier et une tombe
magnifique. De semblables honneurs avaient aussi été rendus aux
comtes de Leiningen et autres familles nobles du voisinage. Ces
différents autels étaient en marbre noir relevé d’ornements blancs,
et les tombes étaient distinguées par les emblèmes héraldiques de
ces diverses familles. Ces autels, séparés de ceux que nous avons
déjà décrits dans l’église principale, étaient placés dans une chapelle
demi-souterraine sous le chœur. C’est là que le comte Emich
dirigea ses pas lorsqu’il quitta la colonne contre laquelle il s’appuyait
en écoutant le sermon du père Arnolph.
La lumière de la principale église avait cette teinte douce et mélancolique qui est particulière aux monuments gothiques et