Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/265

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était connue, et aucun des trois auditeurs n’était sans appréhension que la communauté, prévenue de l’invasion, n’eût préparé quelque sombre projet de vengeance que cet énergumène avait été chargé d’exécuter.

— Hola ! s’écria le comte ; qu’un détachement descende sur-le-champ dans les caveaux, et s’assure si les tombeaux de ces prétendus saints ne cachent point quelque trame infâme. Cousin de Viederbach, ajouta-t-il, révélant dans la vivacité du moment la présence de ce champion déclaré de la croix, veille à notre sûreté, car les campagnes de Rhodes t’ont rendu familières ces sortes de trahisons.

L’appel du comte, qui fut proféré comme un cri de bataille, arrêta la main des destructeurs ; les uns coururent exécuter ses ordres, tandis que le reste se réunissait précipitamment dans le chœur. Il est certain que la présence de compagnons prêts à partager nos périls diminue le sentiment de la crainte, quand même par le fait elle augmenterait le danger ; car notre esprit est sensible à l’influence de la sympathie pour la douleur comme pour le plaisir. Lorsque Emich se vit entouré de tant de partisans, il songea moins à l’existence d’une mine souterraine, et il adressa la parole au moine avec plus de calme.

— Tu voulais voir les compagnons d’Hartenbourg, dit-il ironiquement, tu vois avec quel empressement ils se rendent à ton appel.

— Je voudrais que tous ceux qui ont écouté des schismatiques, — tous ceux qui refusent d’honorer la sainte Église, — tous ceux qui se croient sur la terre libres de tous devoirs envers le ciel, fussent à présent rassemblés devant moi, répondit le bénédictin, jetant sur toute la troupe un regard ferme, comme un homme qui à la conscience de sa force. — Vous êtes venus par centaines, comte de Leiningen ; plût à Dieu que vous fassiez ici par millions !

— Nous sommes en assez grand nombre pour ce que nous voulons faire, moine.

— C’est ce qui reste à Maintenant écoutez une voix qui part d’en haut ! — C’est à vous que je parle, ministres sacrilèges des volontés de ce baron ambitieux, à vous, instruments aveugles d’un complot qui a été conçu par l’esprit de ténèbres. Vous êtes venus à la suite de votre seigneur, comptant sur vos forces nombreuses,