Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demanda Heinrich, qui s’aperçut que ce genre de discussion n’était pas sans danger ; car ce sont des questions auxquelles nous nous entendons mieux qu’à toutes ces subtilités de doctrine.

— Je suis chargé de dire que, comme il convient à leur divin ministère, les moines de Limbourg sont disposés à pardonner et à oublier, autant que leur devoir le leur permettra, la conduite de Duerckheim, à des conditions que je puis spécifier.

— Voilà des sentiments vraiment chrétiens, et qui ne peuvent manquer de trouver de la sympathie dans nos cœurs. De notre côté aussi, vénérable prieur, il y a tout désir d’oublier le passé et de vivre en bonne intelligence à l’avenir. — Ne sont-ce pas en effet les dispositions de la ville, mes collègues ?

— Tout à fait, tout à fait ! — Il est impossible de mieux dire. — Nous pensons tous de même. — Nous ne demandons qu’à vivre en paix. — Telles furent les réponses qui lui furent faites de tous côtés.

— Vous entendez, mon père, jamais négociateur n’a trouvé des esprits mieux disposés. De par le ciel ! il y a unanimité parmi nous, comme vous voyez, et je ne conseillerais pas à l’homme qui voudrait parler d’autre chose que de paix de rester dans Duerckheim.

— Il est à regretter que vous n’ayez pas toujours été dans ces dispositions ; au surplus ce ne sont pas des reproches que je viens faire, mais des réclamations. Ma mission n’est pas de défier ni d’intimider, mais de persuader et de convaincre. Voici les propositions écrites de ceux qui m’ont confié la mission de médiateur ; je vais vous laisser les discuter entre vous. Lorsque vous les aurez examinées avec l’attention convenable, je reviendrai, toujours animé pour vous des mêmes sentiments de bienveillance et d’amitié.

Les propositions écrites furent reçues, et toute l’assemblée se leva par respect pour le prieur. En sortant de la salle celui-ci demanda à quelques bourgeois, et notamment à Heinrich Frey, la permission de visiter leurs familles, dans un esprit de charité chrétienne ; elle lui fut accordée sans la moindre hésitation.

Quoi qu’on puisse dire ou penser des erreurs de l’opinion publique, il est rare qu’elle s’égare quand on a les moyens de lui donner une bonne direction. La haute estime qu’Arnolph avait su inspirer par le seul ascendant de la vertu, ne se manifesta jamais d’une manière plus éclatante que dans cette occasion, où ceux-là mêmes