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CHAPITRE XXVIII.


Gardez-vous de juger, nous sommes tous pêcheurs !
ShakspeareLe roi Henri VI.



Parmi les expiations prescrites aux pèlerins de Duerckheim et d’Hartenbourg, on avait spécifié une espèce de service matinal : c’était celui où ils étaient appelés. Il avait été accordé aux plus faibles un temps de repos nécessaire, et les plus robustes s’étaient occupés de la manière que nous venons de décrire. On admettait comme certain que plusieurs pénitences personnelles avaient été accomplies à différentes époques pendant le long voyage.

Une heure après que les convives eurent quitté la table de l’abbé, une procession de bénédictins traversait les cloîtres et entrait dans l’intérieur de l’église. Quoique la communauté d’Einsiedlen ne fût pas remarquable par son austérité, cependant il n’était pas extraordinaire que les moines de tous les ordres quittassent leurs cellules dans certaines occasions, et interrompissent la tranquillité de la nuit par leurs chants et le service divin. Lorsque les sens viennent d’être rafraîchis par le sommeil, et que l’esprit, se trouvant dans une situation convenable à la prière, est transporté ainsi en la présence immédiate de la Divinité, l’encens doit être plus pur, et la louange dégagée de tous sentiments humains ; elle doit participer à cette pureté qui distingue l’adoration des anges, bien plus qu’aucune autre prière qui sort de la bouche des hommes, puisque c’est dans un tel moment qu’on ressent le moins le fardeau des liens corporels.

Jusque dans l’observance journalière de leurs devoirs de paroisse, les bons catholiques obéissent avec une rigidité de pratique inconnue même dans les pays d’origine puritaine. On entend la cloche dans chaque village aux premières lueurs du jour ; à des heures indiquées, tous ceux qui l’entendent sont avertis de rentrer en eux-mêmes, de chasser les pensées terrestres et de s’adres-