Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/115

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brillante de lumière, ce lac tranquille, ces cieux couverts d’étoiles, n’ont-ils pas l’air de regretter leur violence et de vouloir nous faire oublier qu’ils ont compromis notre sûreté, comme un naturel bouillant, mais généreux, se repent du coup donné pendant la colère, ou de la parole mordante qui lui est échappée dans un moment de mauvaise humeur ? Que dites-vous de cette opinion, signor Sigismond ; car personne ne connaît mieux que vous la nature de la tempête que nous venons d’essuyer ?

— Signore, répondit le jeune soldat avec modestie, vous oubliez ce brave marin, sans l’habileté et le sang-froid duquel tout aurait été perdu. Il est venu jusqu’à Blonay, à notre demande ; mais jusqu’ici on ne s’en est pas occupé.

Maso s’approcha à un signal que lui fit Sigismond, et resta debout devant la société à laquelle il venait de rendre un service aussi signalé, avec un calme qu’il n’était pas facile de troubler.

— Je vous ai obéi, Signore, eu venant jusqu’au château, dit-il en s’adressant au Génois ; mais, ayant des affaires un peu pressées, je suis obligé de vous demander ce que vous désirez de moi

— Nous t’avons, en effet, un peu oublié. En débarquant, ma première pensée fut pour toi, comme tu sais ; mais d’autres choses m’ont passé par la tête. Tu es Italien comme moi ?

— Oui, Signore.

— De quelle contrée ?

— De la vôtre, Signore ; je suis Génois, comme je vous l’ai déjà dit.

Gaëtano Grimaldi se le rappela, bien que cette circonstance ne lui plût pas. Il regarda autour de lui comme pour recueillir d’autres pensées, et continua ses questions.

— Génois, répéta-t-il à voix basse ; si cela est ainsi, nous devons savoir quelque chose l’un de l’autre. As-tu quelquefois entendu parler de moi ?

Maso sourit ; il parut d’abord disposé à plaisanter, puis un nuage passa sur son front brun, et sa gaieté fit place à un air pensif qui frappa son interrogateur.

— Signore, dit-il après une pause, tous ceux qui suivent ma profession connaissent quelque chose de Votre Excellence ; si c’est simplement pour être questionné de la sorte, je vous prie de me permettre d’aller à mes affaires.

— Non, par saint François ! tu ne nous quitteras pas avec si peu de cérémonie. J’ai tort de prendre le ton d’un supérieur avec