Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/222

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Laissez approcher le marié et la mariée ; que tout le monde puisse contempler ce couple heureux !

À l’ordre du bailli, Jacques Colis conduisit Christine sur le petit théâtre préparé pour leur réception : tous deux se trouvèrent alors plus exposés aux regards des spectateurs. Le mouvement, l’émotion inséparable d’une situation si publique amena un plus vif éclat sur les joues de la fiancée, et un murmure universel d’applaudissements s’éleva de nouveau ; la réunion de la jeunesse, de l’innocence, et de tout le charme d’une femme, s’insinua dans les esprits même les plus vulgaires, et tous commencèrent à sentir ses craintes et à partager ses espérances.

— C’est admirable ! s’écria dans la joie de son cœur Peterchen, qui n’était jamais plus heureux que lorsqu’il procédait officiellement au bonheur des autres. Tout nous promet un excellent ménage ! Un jeune homme loyal, sobre, industrieux, actif, uni à une belle et bonne femme, peut chasser le chagrin loin de ses foyers. N’oublions pas que le serment qu’ils vont prononcer, étant légal, doit être entouré de gravité et de respect. – Que le notaire s’avance, — non pas celui qui en a si bien joué le rôle, mais l’honorable et intègre officier justement chargé de remplir ces respectables fonctions. – Nous écouterons le contrat. Je vous recommande un silence décent, mes amis ; ce n’est plus une fiction, mais l’exécution des lois est un mariage véritable. — Grave affaire, bien certainement qu’on ne doit jamais traiter légèrement, puisque quelques paroles prononcées rapidement dans cette minute solennelle peuvent être suivies du repentir de toute la vie.

Toutes les formalités furent accomplies avec la plus grande décence, suivant les désirs du bailli. Un notaire lut à haute voix le contrat de mariage, qui contenait les relations civiles et les droits mutuels des parties, et qui n’attendait plus que leurs signatures pour être valable. Un tel acte exigeait naturellement que les noms réels des mariés, leur âge, leur naissance, leur famille, et tous les faits nécessaires pour établir l’identité et assurer les droits de succession, fussent assez clairement établis pour rendre ce document valide, dans la période même la plus éloignée, si l’on avait besoin de recourir à son témoignage. On écouta ces détails, d’ordinaire si indifférents, avec l’attention la plus profonde ; et Adelheid, qui distingua la respiration concentrée, mais précipitée de Sigismond, tremblait que dans ce