Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/312

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L’Augustin s’inclina, et il termina cette conversation en montrant du doigt les frontières d’Italie et la place de l’ancien temple, jusques auquel ils étaient parvenus. Un animal s’agita parmi les rochers et attira leur attention.

— Serait-ce un chamois ! s’écria Sigismond avec la vivacité d’un chasseur. Je voudrais avoir des armes.

— C’est un chien, mais non pas un chien de nos montagnes. Les dogues du couvent ont manqué d’hospitalité, et le pauvre animal a été forcé d’aller chercher un refuge dans ce lieu retiré en attendant son maître, qui déjeune probablement dans le réfectoire. Voyez, on vient ; le bruit des pas qui approchent a attiré ce prudent animal hors de son couvert.

Sigismond vit en effet trois piétons qui prenaient la route d’Italie. Un subit et pénible soupçon frappa son esprit. Ce chien était Neptune, il avait probablement été chassé jusque dans ce lieu par les chiens du couvent, comme venait de le dire le moine, et un de ceux qui s’approchaient, si l’on en jugeait à sa taille et à sa tournure, c’était son maître.

— Vous savez, mon père, dit-il d’une voix mal assurée, car il était fortement agité par la répugnance d’accuser Maso d’un crime, et par l’horreur que le sort de Jacques Colis lui faisait éprouver ; vous savez qu’il y a eu un assassinat sur le passage ?

Le moine fut peu étonné : un homme qui vivait sur cette route et dans ce siècle, ne pouvait être surpris par un événement aussi fréquent. Sigismond raconta rapidement à son compagnon toutes les circonstances qui étaient venues à sa connaissance, la manière dont il avait rencontré l’Italien sur le lac, et les impressions qu’il avait reçues de son caractère.

— Nous ne questionnons ni ceux qui arrivent, ni ceux qui partent, répondit le religieux. Notre couvent a été fondé dans un esprit de charité, et nous prions pour le pécheur sans nous informer de ses crimes. Cependant nous sommes revêtus d’autorité, et notre devoir est de veiller à la sûreté, afin que le but de notre maison ne soit pas inutile. Vous pouvez faire ce qui vous semblera le plus prudent dans une affaire aussi délicate.

Sigismond garda le silence, mais tandis que les piétons approchaient, il prit une ferme résolution. Les obligations qu’il devait à Maso le confirmèrent dans son dessein, car il se défiait de lui-même et craignait de ne pas remplir ce qu’il regardait comme un devoir. Les derniers événements dans lesquels sa sœur avait été