Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/315

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l’assassinat. Il faut que tu retournes au couvent afin que cette affaire soit au moins examinée.

Il Maledetto parut troublé ; une ou deux fois il arrêta ses regards sur la taille athlétique du jeune homme, et puis il les tournait en réfléchissant, sur le sentier. Bien que Sigismond surveillât attentivement la contenance de Maso, regardant aussi de temps en temps Pippo et le pèlerin, il conservait extérieurement un calme parfait ; ferme dans ses desseins, habitué aux exercices les plus vigoureux, et confiant dans son extrême force, on ne pouvait l’intimider en aucune manière. Il est vrai que les compagnons de Maso se conduisaient de façon à n’exciter aucun soupçon sur leur compte ; car dès l’instant où ils connurent l’assassinat, ils s’éloignèrent de Maso, comme par l’horreur naturelle qu’on éprouve pour un meurtrier. Ils se consultaient ensemble, et se trouvant un peu derrière l’Italien, ils faisaient signe à Sigismond qu’ils étaient prêts à lui prêter leur assistance si cela était nécessaire. Il reçut cette assurance avec satisfaction ; car bien qu’il sût que c’étaient des fripons, il comprenait assez la différence, qui existe entre le crime audacieux et la simple friponnerie, pour avoir confiance en eux.

— Tu vas retourner au couvent, Maso, reprit le jeune soldat, qui eût désiré éviter une lutte avec un homme qui lui avait rendu service ainsi qu’à ses amis ; cependant il était résolu à remplir un devoir impérieux. Ce pèlerin et son ami nous accompagneront, afin que, lorsque nous quitterons tous la montagne, il ne plane aucun soupçon sur notre compte.

— Signor Sigismondo, cette proposition est convenable, elle a même une apparence de raison, je l’avoue ; mais malheureusement elle ne convient pas à mes intérêts. Je suis engagé dans une mission délicate, et j’ai perdu déjà trop de temps pour en perdre encore sans y être forcé. Je plains beaucoup le pauvre Jacques Colis.

— Ah ! tu connais le nom de la victime. Ta malheureuse langue t’a trahi, Maso !

Il Maledetto parut de nouveau troublé. Son front se couvrit d’un nuage, comme un homme qui a commis une faute grave et qui lui peut devenir nuisible. Son teint olivâtre changea, et Sigismond crut apercevoir que ses yeux cherchaient à éviter les siens ; mais cette émotion passa rapidement, et, tressaillant comme s’il